Le beau mot de fraternité
Emois et moi par Jean Rebuffat, le 08 juillet 2018

On ne le dira jamais assez: sans la fraternité, la liberté boîte et l'égalité ne lui suffit pas. Photo © J. Rebuffat
Il y a des jours où soudain le monde semble aller mieux, la France, retrouver ses valeurs et l'humanité, respectée. Le Conseil constitutionnel a rappelé que "Liberté, égalité, fraternité" n'était pas une devise creuse mais le fondement même de la République et retoqué une loi liberticide du genre de celles qui ont fleuri dans les deux pays voisins qui s'apprêtent à en découdre en demi-finale de la Coupe du monde de football, ce qui a peut-être éclipsé la bonne nouvelle que je vous relate.
Vendredi, le Conseil constitutionnel a rappelé, pour la première fois depuis 1789, ce qui n'est pas rien, que la fraternité est bel et bien un principe constitutionnel et donc, a censuré le terme "séjour irrégulier" et exigé du législateur d'assurer la conciliation entre le principe de fraternité et la sauvegarde de l'ordre public, principe à valeur constitutionnelle également et qui motive la lutte contre l'immigration illégale.
Il s'agissait de cette loi qui permet de condamner ceux qui accueillent et aident les migrants.
Le Conseil constitutionnel a consacré "la liberté d'aider autrui, dans un but humanitaire, sans considération de la régularité de son séjour sur le territoire national", en réponse à une demande de Cédric Herrou, un agriculteur devenu le symbole de l'aide aux migrants à la frontière franco-italienne, qui réclamait l'abolition du "délit de solidarité".
Dans ma morale personnelle figure ce précepte, "respecte l'étranger voyageur, sa personne est sacrée pour toi".
Bien entendu la droite pleurniche. Mais au-delà des péripéties de la vie politique, à l'époque où les ministres de pays de vieille civilisation se plaignent de ne pouvoir ficher les Roms qui ont la nationalité de ce pays et où tant de principes sont bafoués, peu ou prou, où l'Europe chavire en Méditerranée à propos de quelques dizaines de milliers d'êtres humains qui représentent un quarante-millième de sa population, rappeler que ceux qui ont buriné dans la pierre des édifices publics "liberté égalité fraternité" l'ont également gravé dans notre cœur, voulez-vous que je vous dise? Cela fait du bien.
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