Le mythe Champollion
Emois et moi par Jean Rebuffat, le 03 juin 2022

Les lunettes de soleil de Jean-François Champollion. L'Égypte, c'est éblouissant. Photos © Jean Rebuffat
J’aime beaucoup la bibliothèque nationale de France. Il ne s’agit pas d’une mitterrandolâtrie qui nimberait tout ce que le plus long chef de l’état en France depuis Napoléon III a commis mais j’y vais souvent. Je m’y sens bien parmi tous ces livres, j’en achète un et je le lis sur la terrasse ensoleillée face à une vraie canopée puis je laisse mon esprit vagabonder autour de l’exposition que je viens de visiter. La dernière fois c’était Champollion. Ou plus précisément l’aventure Champollion, dans le secret des hiéroglyphes. Rassurez-vous, personne ne vous demande à la sortie de traduire une tablette de hiéroglyphes, encore que comme souvent dans ce type d’exposition, ce soit dans le fond assez didactique. Il y a tout de même quelques superbes pièces, dont ces énormes livres appartenant à la BNF, des pages manuscrites par le héros du jour ou quelques aquarelles de toute beauté (la photographie n’était pas encore inventée, elle le fut du vivant de Champollion, vous en verrez de sa personne).
À part le fait que Champollion semblait avoir encore plus sale caractère que j’imaginais, ce qui m’a intéressé, c’est la mythologie qui enveloppe Champollion, qu’on prend pour un chercheur génial et solitaire, obstiné dans une seule tâche, ouvrir la porte de la compréhension d’une langue que personne ne comprenait avec pour clef la fameuse pierre de Rosette. De là le déferlement de l’égyptologie au XIXème siècle, bien lancée d’ailleurs à la fin du siècle précédent par l’expédition en Égypte d’un jeune général français qu’on estimait en haut lieu prudent d’envoyer un peu loin de Paris, un certain Bonaparte. En réalité ce n’était pas du tout le cas.
Mais une mythologie vaut mieux que l’histoire. En témoigne cette affiche, fort belle au demeurant, dont la date interpelle: 1943. Oui, la France de Vichy dévoyait un savant aux opinions très éloignées du Maréchal tant son image de persévérance est inscrite dans l’inconscient collectif des Français.
Jusqu’au 24 juillet 2022, Bibliothèque Nationale de France, site François-Mitterrand, Paris. Entrée 9 euros
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