Promenade en automne
Le Chant la vie par Serge Noël, le 21 octobre 2018

Photo © Jean-Frédéric Hanssens
voix coulée d'outre-moi et des désirs déserts
de flammes qui s'étouffent aux visages enneigés
je voguais tristement sur les bords de l’Yser
sous un ciel où le temps me semblait étranger
les maisons y ouvraient un périmètre blanc
les oiseaux frappaient de leurs cris le fleuve lent
garçon stylé qui sert ce qui de rien ne sert
diseur de bonne aventure de gré à gré
c’était l’automne bleu qui annonçait l’hiver
nostalgie et regrets je vous pisse à la raie
j’étais le long des eaux sans ombre sans tourment
gentil poète sans passion et sans amant
j’essuyais les nuées et les larmes amères
le jour doucement prenait une teinte de geais
le fleuve tout au bout arrivait à la mer
je n’avais plus pour lui de rêves à partager
je me rappelle ce voyage sur le flanc
de la nuit dans mon cœur comme le vent ronflant
cabinet permanent des derrières qui se serrent
chanteurs des mélodies et de l’amour léger
bouches fermées aux beaux silences un peu diserts
souvenirs enrhumés d’un homme trop âgé
qui avec les années progressivement ment
fils de bonnes familles qui cachez vos déments
je vous dis soyez flous soyez un rien faussaires
il faut bien de nos jours se faire un peu de blé
n’en pensez pas moins mais donnez-vous de faux airs
oubliez les vieux rêves et les amours tremblées
l’adolescence aux premiers baisers se pâmant
il faut se faire à tout s'écraser calmement
ce que les carmélites pensent dans leurs prières
ce que les tendres dames attendent d'espérer
ce que les gens qui dorment imaginent d’hier
l’éclat des matins roses à la clameur dorée
le murmure des nuits mortes et ce néant béant
je le chantais tout bas enfant du firmament
je fluctue mais ne coule sur la boue des misères
les voiles déchirées mais le mât bien dressé
les marins là-bas souquent observe comme ils errent
les étoiles et la lune à tout jamais blessées
visibles de partout même des coins mourants
et par les fenêtres dans les sommeils entrant
j’évite les regards qui effacent mes frères
je remonte l’échine et secoue les pieds
il vaudrait mieux partir il vaudrait mieux se taire
je vais donc m’en aller je me tais comme il sied
je vais rire en pleurant pleurer en me marrant
attendre encore un mois pour me soigner les dents
ainsi mains dans les poches sur les bords de l’Yser
il faisait chaud si chaud qu’on aurait dit l’été
je promenais mon âme et sans rien d’autre à faire
je pensais à des choses et je me répétais
des mots qui m’échappaient peut-être un peu trop grands
sur la berge j’allais entre les arbres en rang
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