semaine 26

“Loro” : scandale à l’italienne

Pérégrinations par Lucie Van de Walle, le 31 octobre 2018

L’acteur Toni Servillo au service d’un piquant pamphlet signé par le réalisateur Paolo Sorrentino

D’un scandale à l’autre, Sylvio Berlusconi a médusé l’Europe. Plus éberluant encore, est qu’une partie de l’Italie a longtemps soutenu cet ignoble personnage, pour ensuite élire de tout aussi grossiers successeurs. Sur tous les continents s’agitent de dangereux dirigeants et, outre-Atlantique, commande Monsieur Trump, bien plus puissant que celui que l’on nommait “Il Cavaliere”. Ces derniers partagent l’art de la “combinazione” et celui de se mettre en scène avec un talent de cabotin qui permet de dissimuler aux plus crédules leur incompétence. Par ailleurs, leurs discours populistes confirment leur inaptitude à toute compassion et, dans leur entourage, les femmes aux irréprochables silhouettes, font office de potiches de luxe.  

“Loro” est le titre qu’a donné le réalisateur italien Paolo Sorrentino à une sorte de biopic. “Loro” veut dire “eux” en italien. “Eux”, dans le film, ce sont beaucoup de personnages pour la plupart liés par la vénalité. “Eux”, sont ceux qui, par l’absence de qualifications autres que le proxénétisme, se contorsionnent afin au final de tenter de séduire Berlusconi en personne, expert dans ce domaine. Dans cette sphère décadente se meuvent pas mal de sylphides en micro bikini et des hommes aux fesses de noisette, toutes et tous partants pour l’amour factice, aidés en cela par la cocaïne. Ces longues séquences “bimbos”, deviennent vite ennuyeuses et on se demande pourquoi le réalisateur s’est autant complu en bord de piscine ou sur des yachts couverts de chair fraîche.

On trouve plus facilement ses repères quand le personnage du biopic –à savoir Sylvio Berlusconi qui a dirigé l’Italie pendant vingt-cinq ans - (je ne crois pas me souvenir que quelqu’un l’appelle par son nom dans le film) s’étale sur l’écran. Il y a tout ce qu’on sait déjà du répugnant proprio de télés et de journaux, du policitien qui peut tout acheter, en bref, de l’homme d’argent (ou d’oro !) au râtelier scintillant, celui des travaux capillaires, sa double ou triple vie plus ou moins sentimentale. Car oui, comme tous ceux qui ont l’occasion de vieillir, Berlusconi accuse aussi ses heures de vol, ce qui le rend assez pathétique. On pourrait même en avoir pitié, ce qui montre que le réalisateur a gagné sur le terrain de la finesse. Il y a également de belles séquences de bravoure. Par exemple la visite (le défilé ?) de Berlusconi et de sa cour à L’Aquila, après le dévastateur tremblement de terre qui a endeuillé cette petite ville.

“Loro”  connaîtra une deuxième partie et logiquement, le réalisateur aura récupéré les acteurs qui excellent dans les rôles principaux, à savoir :  Toni Servillo, Riccardo Scamarcio et Elena Sofia Ricci.

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