Colère au Missouri
Pérégrinations par Lucie Van de Walle, le 18 janvier 2018

Frances McDormand au centre de "Three Billboards outside Ebbing, Missouri". Un film au scénario percutant.
Déjà salué pour son scénario à la Mostra de Venise et couronné de quelques Golden Globes, j’ai pensé que je devais moi aussi, et d’urgence, aller voir le Three Billboards outside Ebbing, Missouri, du réalisateur et scénariste anglais Martin McDonagh.
Et en effet, il n’y a rien à jeter dans ce drame qui s’offre le luxe de faire – quelquefois – rire. La trame nous embarque dans un genre d’Amérique dite profonde. J’ai vérifié si la ville d’Ebbing existe, mais je n’ai pas trouvé de localité de ce nom. Il y a juste une boulangerie Ebbing en Allemagne ainsi qu’un garage Ebbing à Virginia Beach.
Ainsi donc, dans cet endroit fictif et au milieu de nulle part vivent des gens qui ont des raisonnements qui nous échappent, et où la violence – par moment poussée au gore - n’affole personne. Une petite ville où chacun semble être l’adversaire de son voisin. Là où, les personnages du film, après avoir encaissé des coups se rafistolent assez rapidement de leurs blessures, puis se rabibochent plus ou moins, le temps de faire ensemble des plans foireux.
Dans cette ville se déroule l’histoire dramatique d’une mère déterminée qui, à sa manière, réclame justice pour sa fille violée et assassinée. Il y a aussi un shérif cancéreux, un policier raciste, une maman pépère, un nain secourable, un “ex” vivant avec une jeunesse, un dentiste fou, un prédateur à éviter à tout prix. Le choix de ces caractères et la manière de faire se croiser ces parcours fort singuliers et de les développer, est d’une époustouflante maîtrise. Ce savant mélange de sentiments, de situations et de paysages (du Missouri ? ) donne cette étonnante fresque teintée d’humour noir. Une composition originale et aboutie que nous offrent Martin McDonagh et son irréprochable casting qui invite – pour les rôles principaux - l’incontournable Frances MCDormand en femme à poigne, Woody Harrelson en Sherif empathique mais inopérant, et Sam Rockwell en policier hargneux et cabossé.
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