semaine 26

L’Archipel des cérémonies

Pérégrinations par Lucie Van de Walle, le 28 novembre 2017

"Esprit du Sol", statue de fertilité découverte dans les îles Moluques Photo © LVdW

L’Indonésie ne se limite pas à Bali, île souriante conquise par le tourisme et actuellement sous la menace du volcan Agung. L’Indonésie, c’est un archipel de 17000 îles  - personne ne connaît vraiment le nombre exact -  dont on peut à peine égrener une dizaine de noms.  On peut supposer que, après les 4 mois que dure le festival “Europalia Indonésie”, pas mal de citoyens auront alors saisi leur chance d’aller à la rencontre des anciennes cultures du pays le plus vaste d’Asie du Sud-Est. 

Un peu de paresse m’a cantonnée à Bruxelles où mon exposition favorite fut “Ancêtres et rituels” ou “Ancestors & Rituals”, tant il est vrai que dans notre capitale, on se sait plus dans quelle langue s’exprimer. 

Si en Europe nous avons tendance à évacuer la mort et de ce fait, les morts, un peu partout en Indonésie on s’emploie à les honorer avec une particulière ferveur. Pour la famille, le “plus” étant  - encore de nos jours - de parvenir à économiser afin de pouvoir organiser les rituels, offrandes à l’appui, qui permettront au regretté défunt d’accéder au statut d’ancêtre. En retour, un ancêtre peut, de là où il se trouve, protéger sa famille. 

Aussi, du fait de la religion d’origine des intéressés, à savoir hindouisme, bouddhiste, islam ou chrétienne ou animisme – religions bien entendu métissées – on assiste à une grande variété de rituels funéraires, plus surprenants les uns que les autres. Et donc, outre la qualité esthétique des 160 trésors archéologiques et ethnographiques, exposés pour la première fois en Europe, les visiteurs peuvent, entre autres, rencontrer les usages culturels de Sulawesi, de Bornéo, de Java comme ceux des Moluques.  


Les Tau-Tau figurent les personnes défuntes Photo © LVdW

Je reconnais éprouver une fascination particulière pour les rituels “manière Toraja”, peuple animiste du sud de Sulawesi aux habitations extraordinaires. Au cours de cérémonies appelées “man’nen” dont le coût est important et de ce fait souvent organisées par plusieurs familles au “profit” de plusieurs défunts, les Torajas sacrifient des cochons et des buffles - le nec plus ultra étant le buffle albinos. Les viandes de ces animaux sont ensuite cuisinées et distribuées aux villageois et aux autres invités. Un de ces  “man’nen” est proposé en vidéo, comme bien évidement une série d’objets exposés dont un duo de tau-tau, effigies en bois ou en bambou que les Toraja placent sur une plate forme devant la tombe de leurs défunts. 

Mon attention fut aussi particulièrement retenue par un sarcophage en pierre en forme de tortue, très étonnant datant de 200 av J.C. Et enfin, coup de coeur toutes catégories va à une statue également en pierre nommée “Esprit du sol”, découverte sur un lieu d’offrandes au milieu des champs et renvoyant plutôt à l’idée de fertilité. Elle nous vient des îles Tanimbar, aux Moluques et est fort vaguement datée “avant 1919”, date de sa découverte. Il est très possible qu’elle soit vieille de plusieurs siècles. Aux archéologues de compléter cette information. 

"Ancestors & Rituals" :  Palais des Beaux Arts, rue Ravenstein, 23, 1000 Bruxelles. Jusqu’au 14 janvier 2018. Aussi visites guidées en langue des signes. 

Informations : 02 50783 36 ou www.bozar.be

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