semaine 26

La Gioconda, drame aquatique

Pérégrinations par Lucie Van de Walle, le 31 janvier 2019

Gymnastique aux chaises (musicales ?) pendant l'ouverture de "La Gioconda". Une mise en scène de Olivier Py.

Que retiendra-t-on de «La Gioconda», œuvre d’Amilcare Ponchielli, dont la première a eu lieu il y a peu à l’opéra de la Monnaie à Bruxelles? Ce grande opera all’italiana, dont le livret est inspiré d’un drame de Victor Hugo, nous amène à Venise où l’on s’aime et se déteste selon un plan qui correspond aux codes de l’opéra. La Gioconda est une chanteuse, aimant quelqu’un qui en aime une autre déjà mariée, est elle même désirée par l’affreux, bête et méchant Barnaba. Comme beaucoup de rôles d’opéra, l’héroïne mourra à la fin. Cet énoncé est le résumé assez clair d’un déroulement spécialement obscur. Tant au niveau des différentes séquences dont on ne saisit pas vraiment le sens, qu’au niveau de la mise en scène de Olivier Py, metteur en scène en vue et habitué de la Monnaie. 

Venise y est seulement évoquée par l’aqua alta. Mais le décor gris ressemble plutôt à un parking souterrain aux piliers bruts d’où une eau noire suinte du sol béton. Les choeurs au grand complet, ce qui représente septante chanteurs, vingt-cinq enfants et bien entendu les grands rôles à savoir six solistes d’exception requis pour cet opéra, pataugeront là-dedans pendant tout le spectacle. Par ailleurs, ce fut aussi le sort des danseurs et danseuses requis pour les ballets qui auraient pu amener un peu de fraîcheur si Olivier Py n’avait pas définitivement opté pour la noirceur - mais devait-on en attendre autre chose?  On y fornique, jusqu’au viol, on y balade des cercueils destinés aux femmes victimes d’un ordre masculin sans état d’âme. Quand on a compris tout cela, mieux vaut sans doute fermer les yeux et écouter la musique dirigée dans ses moindres inflexions par Paolo Carignani, un chef d’orchestre milanais, apprécier les courbes et volutes des nombreux arias, donnés par la distribution du jour, à savoir Béatrice Uria-Monzon dans le rôle-titre, Silvia Tro Santafe, Jean Teitgen, Ning Liang, Stefano La Colla et Franco Vassallo.

"La Gioconda", Opéra royal de la Monnaie, Bruxelles, jusqu’au 12 février 2019. 

Voir : https://www.lamonnaie.be/fr/program/835-la-gioconda

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