Parcours ensorcelé
Pérégrinations par Lucie Van de Walle, le 11 novembre 2021

Sorcière monstrueuse sur un balai, Cornelis Saftleven (1617-1681) ©LVdW
Les sorcières, voilà un sujet qui promet de belles histoires, sauf que, ce n’est pas vraiment l’orientation de l’exposition "Witches", organisée à Bruxelles notamment par le service culturel de l’ULB.
Il y s’agit non seulement de décortiquer l’aspect historique, mais aussi symbolique de ce sujet qui touche également à la condition féminine. Du reste, d’entrée de jeu, la sorcière est proposée comme support à la transgression, à la revendication, comme vecteur de libération de la parole et des moeurs. Dans la lignée du combat des suffragettes d’autrefois réclamant le droit de vote finalement obtenu en 1948, les luttes féministes menées par des sorcières des temps modernes - depuis le début des années 70 - en sont encore à réclamer des droits. Et, si sous nos cieux, les choses ont bien évolué, une large partie des femmes du monde, pour peu qu’elles s’écartent de l’ordre patriarcal ou religieux, ce qui est à peu près la même chose, sont encore considérées comme créatures du diable, donc à maîtriser ou à détruire.
Toutefois, dans cette exposition, les liens entre les sorcières d’aujourd’hui et celles d’hier, ne sont pas des plus évidents ni des plus fluides. Les sauts d’époque et les d’approches soit sociales, soit philosophiques, soit de normes morales et autres composantes mythologiques, peuvent dérouter. Sous peine de s’égarer, il faut absolument lire les panneaux explicatifs qui jalonnent cette exposition très copieuse.
Il y a des visiteurs qui vont préférer la partie purement historique du sujet. Avec des films et diverses illustrations qui amènent un peu de vie quant à l’évocation des temps anciens : les dénonciations, les procès intentés à ces malheureuses, les tortures subies, les barbaries en tout genre sorties des cerveaux malades des hommes obsédés par leur ordre moral, cherchant une explication à leurs phantasmes. Il y a aussi des personnes plus sensibles à l’aspect artistique de certaines oeuvres présentées. Le fameux sabbat faisant l’affaire d’enlumineurs du 16e siècle, ou faisant le miel de graveurs, tels David Teniers II (1610-1690) et sa belle série d’eau-forte ou, un peu moins lointaines dans le temps, les illustrations de Gustave Doré (1832-1883) et les encres de son contemporain Félicien Rops (1833- 1898).
Les chaudrons, les chats noirs, les balais, les nez crochus, chapeaux pointus ou grimoires sont plutôt amenés via des espaces dédiés au folklore en général et aux carnavals en particulier et apportent une note colorée au parcours, parfois ingrat d’une exposition bien intéressante, à condition de s’accrocher. Hormis une visite spéciale « famille » que je n’ai pas expérimentée, ce n’est pas un atelier, apparemment de dessin et de grimage, qui justifierait qu’on y amène des enfants.
Witches : Du 27 octobre 2021 au 16 janvier 2022 à l’Espace Vanderborght, rue de l’Écuyer 50-52 à 1000 Bruxelles
Autres informations : https://witches-expo.ulb.be
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