Question de point de vue
Pérégrinations par Lucie Van de Walle, le 08 novembre 2019

Jeu de miroir et arte povera de L'Uomo che Pensa, de Michelangelo Pistoletto.

Dualité de l'Innocence et de la culpabilité : Sans-souci ((1991) de Christian Boltanski
De quoi s’agit-il ? Que nous dit l’artiste ? Quels moyens utilise-t-il pour communiquer quelque chose de sa personne, de son univers particulier, de sa vision du monde ?
Ce sont ces questions que pose l’exposition, Love. Hate. Debate., basée sur 60 pièces issues de l’importante collection de la Banque ING. D’emblée, ces oeuvres invitent à passer le cap d’impressions souvent épidermiques qui se résument en général au "J’aime ou Je n’aime pas", surtout quand il s’agit d’art contemporain où l’on joue assez peu dans la nuance.
Pour redresser le tir, on nous confronte immédiatement à L’Uomo che Pensa de Michelangelo Pistoletto, proposition qui se présente comme une métaphore de toute l’exposition. Le ton est donc donné avec cette photographie d’un homme réfléchissant à l’intérieur d’un miroir, lequel donc reflète à la fois l’observateur et l’observé, à savoir nous. Cette image à la fois figée dans le passé et disponible au présent, envoie sans détour le visiteur dans la logique c'est l’accrochage, qui, finalement, nous interroge.
La photographie occupe une large part de Love. Hate. Debate. A commencer par le portrait de l’écrivaine américaine Gertrude Stein (1946) savamment captée par Horst P. Horst, à savoir vue de profil comme si elle posait pour un autre artiste. Plus loin, on tombe sur un groupement de 115 instantanés reproduits d’un album de scènes quotidiennes, où l’on voit se juxtaposer des militaires de la Wehrmarcht , des enfants, des mariages. Ce Sans-souci (1951) imaginé par Christian Boltanski amène inévitablement des remarques sur le fait de savoir s’il y a une différence - du moins apparente - entre les criminels et les gens ordinaires. Vient encore l’exceptionnelle composition de Gregory Crewdson nommée Untitled Mother on Bed with Blood. C’est de la photographie en studio, dont tous les éléments ont été décidés, réunis, arrangés, comme au cinéma. Rappelons au passage que Gregory Crewdson, figure importante de la photographie américaine, est le plus illustre représentant de la "stage photography".
Love. Hate. Debate. réunit aussi quelques sculptures, dont Three Way Piece No 1, de Henry Moore, qu’il faut bien sûr regarder sous trois angles différents, ainsi qu’une fort convaincante installation de Floris Van Hoof. C’est Polyhedra (2017), soit une série des volumes suspendus au coeur de 40 sources sonores élaborées à partir de captations dans la nature.
Tous ces agencements, ces confrontations, ces questionnements, arrachent inévitablement l’amateur à une déambulation parfois passive et permettent de quitter ses propres certitudes. L’objectif de Love. Hate. Debate. est atteint.
Love. Hate. Debate : ING Art Center, place Royale -, 1000 Bruxelles. Du mardi au dimanche jusqu’au 5 mars 2020. De 10 h à 18 h, nocturnes le mercredi jusqu’à 21 h
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