Rodin face à Doillon
Pérégrinations par Lucie Van de Walle, le 26 mai 2017

Vincent Lindon, au plus près de Rodin (photo CineFiles Cineart)
"Rodin", film du réalisateur Jacques Doillon et fraîchement sorti en salle, a été plutôt présenté comme un biopic alors que ce n’est pas exact. A priori le réalisateur — et forcément le scénario — ne vise pas à suivre la vie d’Auguste Rodin (1840-1917), ce puissant sculpteur français, mais bien d’en observer sinon d’en approcher le processus créatif. Malgré la présence de Camille Claudel dans un rapport de passion provisoirement réciproque et celle de voluptueux modèles qui font succomber le maître plutôt porté sur les femmes, ce film n’a rien de glamour et tend vers l’ennui.
Ici les œuvres de Rodin sont au centre de cette composition cinématographique qui privilégie le clair-obscur. Il y a le travail de la terre glaise, il y a aussi le travail en soi de l’artisan. Ce travail accompli avec savoir, avec opiniâtreté, si ce n’est avec acharnement, pour parfaire telle ou telle autre œuvre en route depuis parfois plusieurs années. Ce qui fut notamment le cas de son fameux et combien admirable Balzac dont les détails physiques — fort critiqués par les commanditaires — finiront dissimulés sous un manteau imbibé de plâtre. Œuvre magistrale et audacieuse comme tant d’autres qui marquera l’entrée de la sculpture dans la modernité.
C’est l’acteur Vincent Lindon qui a accepté le risque d’incarner avec gravité, passion et force cet artiste hors normes et donc d’une façon bien différente que le fit, en son temps, Gérard Depardieu. À côté de Rodin campé dans la quarantaine, les deux figures féminines majeures que sont Camille Claudel et Rose, son inébranlable épouse, trouvent des interprètes non envahissantes, respectivement Izia Higelin et Severine Caneele, qui ne dévient pas de cet hommage rendu à un immense artiste dont on célèbre cette année le centième anniversaire de la mort.
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