Comme la vie serait si belle sans vous

je vous dirai le crève-cœur

nous ne voulions que le bonheur

comme l’aube aux premières heures

comme un rêve à rêver en chœur

le vin sur la table le pain

les enfants jouent à la marelle

cueillant dans le soir des airelles

et la paix au pied du sapin

les jours sans dieux le Grand Pardon

le festin sucré de l’Aïd

et le voyage sans chardon

marcher marcher vers l’horizon

chemin sans fin des danaïdes

nous ne voulions que la raison

                  *

nous avons fait de si beaux rêves

disait doucement le vieillard

même si au bout des nuits brèves

se fait parfois un cauchemar

la vie serait belle sans vous

nous ne voulions que le bonheur

fièvre à la plaie qui s’avoue

ainsi murmure le rêveur

rêver demeure capital

vous ne finirez pas l’histoire

fils de putain du capital

marchands du sang et de l’espoir

vous qui vendez pour bien le mal

et pour destin votre abattoir

                 *

ainsi murmure le rêveur

nous ne voulions qu’un monde à voir

simple et humain à la faveur

de nos câlins et beaux savoirs

le peintre interroge les heures

assis dans l’ombre de sa vie

et sa peinture est ce qu’il vit

de lumière il est le diseur

quand le jour se lève à cinq heures

il ne cherche que le bonheur

je vous dirai ce crève-cœur

malgré tous les soleils vainqueurs

malgré les rêves butineurs

et malgré le merle moqueur