Négocier
Edito par Jean Rebuffat, le 11 novembre 2023

De nombreuses personnalités catalanes, comme ici Pep Guardiola, joueur de football puis entraîneur emblématique, se sont engagés en faveur sinon de l'indépendance du moins de l'organisation d'un référendum d'autodétermination. Photo d'archives libre de droits issue de Wikipédia
Un événement qui n’étaient les deux guerres qui ravagent actuellement les environs aurait très probablement fait les manchettes de la semaine est passé pratiquement inaperçu: c’est l’accord conclu entre Carles Puigdemont et l’émissaire du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, permettant à celui-ci d’obtenir l’investiture et de rester (contre toute attente) à son poste.
À dire vrai, les sept députés séparatistes catalans de Junts per C atalunya détenaient les clefs de la solution et si le PSOE a pris l’habitude de gouverner avec les autonomistes et indépendantistes basques et catalans, on se doute bien que Pedro Sanchez se serait volontiers passé de cet accord qui prévoit une amnistie générale (une partielle a déjà eu lieu lors de la constitution d’un précédent gouvernement Sanchez). Carles Puigdemont pourra donc prochainement quitter son exil belge. Il a clairement fait savoir que l’appui de son parti serait lié aux progrès des négociations ayant pour but d’organiser un référendum autorisé sur le statut de la Catalogne et sur lequel personne n’est encore le moins du monde d’accord.
Il faut reconnaître que la Constitution espagnole a encore des relents postfranquistes et que les décisions systématiques des justices dans l’Union européenne de ne pas accepter l’extradition de Carles Puigdemont soulignent clairement qu’il s’agissait de condamnations à fort relent politique. Mais l’accord est là et on verra s’il tient. La leçon qu’on peut en tirer, à propos des deux conflits dont nous parlions, est que la voie de la négociation est la seule tenable, même quand elle semble totalement impossible. Certes le problème catalan est nettement moins sanglant et ne s’est pas accompagné d’horreurs en incessante spirale infernale telles celles des guerres entre la Russie et l’Ukraine et entre le Hamas et Israël. Il n’empêche: l’histoire nous apprend combien cette évidence est fondée, c’est avec son ennemi qu’on fait la paix – même quand un intermédiaire est nécessaire ou que l’une des parties prend appui sur une position de force, fût-elle politique.
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