semaine 20

À quoi tiennent les décisions historiques

Réflexions par Jean Rebuffat, le 21 juin 2016

Brexisters et remainers s'étripent – hélas parfois même littéralement : in ou out, la Grande-Bretagne ?

Jeudi, les Britanniques décident, par un référendum, s'ils restent ou non dans l'Union européenne. Quelques réflexions en avant-coureur.

Tout d'abord, notons que le Premier ministre britannique, David Cameron, lui-même partisan du maintien dans l'Europe, a ouvert la boîte de Pandore pour gagner les élections, probablement sans mesurer, ou en surestimant son propre poids, que quelles que soient les concessions européennes faites pour lui donner quelques arguments supplémentaires, la vraie question à laquelle ses concitoyens allaient répondre n'avait au fond rien à voir et que tout le populisme et la xénophobie allaient dans tous les cas s'engouffrer dans le débat : la brèche était trop tentante.

Ensuite, observons que la sociologie des uns et des autres est intéressante : en gros, plus on est jeune et plus on est diplômé, plus on est europhile ; plus on est vieux et moins on a fait d'études, plus on est europhobe.

Enfin, les calculs les plus égoïstes sont décisifs au niveau individuel. Bon nombre de Britanniques originaires des pays du Commonwealth veulent sortir de l'Europe parce qu'ils espèrent que le plombier polonais sera remplacé par le plombier jamaïcain.

Mais tout ceci, bien sûr, cède le pas à l'émotion qui a saisi les nations britanniques (il y en a plusieurs, il suffit de regarder l'Euro) à l'assassinat de Jo Cox. Pourquoi voudriez-vous que les partisans de la peine de mort se refusent à l'appliquer ? Dérangé mentalement et/ou politiquement, son meurtrier a poussé jusqu'au bout une logique de l'extrême qui, par un de ces hasards dont l'histoire raffole, pourrait finalement inverser le résultat du référendum dans le sens qu'il voulait éviter en donnant in extremis la victoire aux remainers, parmi lesquels, les paradoxes étant ce qu'ils sont, on rangera Viktor Orban, le sulfureux Premier ministre hongrois, et annuler le coup de dés initial de David Cameron.

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