Le bulldozer Caterpillar
Edito par Gabrielle Lefèvre, le 02 septembre 2016

Photo © Jean-Frédéric Hanssens
Caterpillar est une très grosse firme américaine, une multinationale très puissante, une de celles qui font et défont des économies locales pour que ses actionnaires puissent s’enrichir tout en faisant prospérer la firme.
Elle prend tout, toutes les aides publiques, tous les contrats même les plus odieux. Ainsi, Caterpillar a été boycotté par des citoyens aux Etats-Unis pour la mort de la jeune Rachel Corrie, écrasée par un bulldozer Caterpillar vendu à l’armée israélienne qui l’utilise comme arme contre les Palestiniens de Gaza. Une arme qui écrase tout, même une jeune militante pour les droits des humains. C’était en 2003. Jamais l’armée israélienne n’a été condamnée. Jamais la firme n’a été inquiétée pour ses ventes à un pays qui en occupe un autre. Le commerce prime.
Caterpillar n’est pas humain : c’est une machine ultralibérale qui doit faire de l’excellence en matériel pour plus de profit, sans cesse du profit. Et qu’importent les travailleurs qui font l’excellence. Ils sont moins précieux que les robots qui bientôt vont les remplacer. On ne leur reconnaît pas le savoir faire, la compétence, l’ingéniosité. Tout appartient à la firme qui achète la force du travail et la rejette aux oubliettes dès qu’elle n’est plus « concurrentielle ».
Que sont plus de 2000 travailleurs ? Un coût et non plus une excellence, une compétence. Que sont plus de 2000 personnes privées brutalement de travail ? C’est près de 10.000 personnes qui vont souffrir parce qu’un salaire ne vient plus chaque mois. C’est plus de 20.000 personnes qui, par ricochet, seront atteintes dans leur dignité de travailleurs et de familles de travailleurs et de sous-traitants de la grande firme vorace. C’est toute une ville qui sera atteinte, celle de Charleroi qui voulait fêter ses 350 ans d’histoire, industrielle notamment.
Caterpillar n’est pas une entreprise humaine. C’est une grande multinationale qui a étendu son empire sur le monde entier et qui absorbe les aides publiques pour rejeter ensuite les « résidus » de son activité sans en payer le prix social, ni fiscal.
C’est cet ordre du monde que nous contestons à travers la lutte contre les projets de traités transatlantiques voulus par les multinationales comme Caterpillar. C’est cette exploitation du travail et des compétences des travailleurs que nous dénonçons sans cesse afin que nos représentants politiques nous défendent, enfin, contre ces prédateurs.
Il n’est pas étonnant que le président du MR se précipite pour dire qu’il faut une nouvelle politique industrielle européenne avec des industries européennes. Même discours que celui de la nouvelle première ministre britannique chargée de gérer le Brexit : une politique industrielle britannique d’abord, locale donc, et européenne ensuite.
Protectionnisme ?
S’il s’agit de protéger les travailleurs, la force de travail, la compétence et l’excellence du travail, oui, pourquoi pas, puisque le modèle néolibéral, à savoir mondialisé et géré par les multinationales et les leaders politiques qu’elles ont achetées (voir M. Barroso) démontre qu’il s’est fourvoyé dans une impasse.
Aujourd’hui, Caterpillar s’en va pour concentrer ses moyens sur le site de Grenoble en France. Aussi longtemps qu’il n’y aura pas d’entente entre les travailleurs de ces différents sites pour résister en commun contre les décisions de ces monstres transnationaux, il n’y aura pas d’avenir à une politique industrielle européenne. Les métallurgistes, victimes d’Arcelor Mittal, en savent déjà quelque chose !
Le 20 septembre sera une journée de mobilisation internationale contre le libre-échangisme commercial. Le 29 septembre sera une journée de manifestation nationale de tous nos syndicats. Le 7 octobre, ce sera la grève générale. Les victimes des licenciements massifs chez Caterpillar pourront expliquer aux indifférents, aux ignorants, aux opposants pourquoi la colère devient le seul moyen d’expression, après le désespoir.
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