semaine 27

Il n'y a pas de solution par le vide

Edito par Jean Rebuffat, le 27 octobre 2023

Image: 

Un monument symbolisant la perte désolante de l'Alsace-Lorraine après la guerre de 1870, place Maginot, à Nancy. Mais à moment donné il faut cesser de se lamenter et penser à faire la paix. Comme la France et l'Allemagne... Photo libre de droits prise sur Wikipédia

La guerre sans pitié à laquelle se livrent le Hamas et Israël non seulement commencer à percoler dans toute la région mais déborde dans le monde entier avec une recrudescence des actes antisémites et une très perceptible avancée du manichéisme comme si tous les Juifs étaient israéliens et approuvaient en tous points et toujours la politique menée par Israël tant intérieurement qu'extérieurement et comme si tous les Arabes (qui ne sont pas tous musulmans, faut-il le rappeler) étaient des affidés du Hamas et risquaient à chaque seconde de verser dans le terrorisme.

La vérité est que toute guerre est sale et qu'elle pousse à la diabolisation de l'ennemi, ce qui ouvre grand la porte aux tentations simplificatrices voire aux tendances génocidaires. Penser que tous les Palestiniens méritent leur sort, qu'ils sont des animaux comme on l'a entendu dire, penser que tous les Juifs ont une responsabilité collective dans la terrible et prévisible riposte israélienne et en revenir à tous les clichés qui ont débouché sur la Shoah, c'est le premier pas vers le pire du pire.

Or il ne devrait échapper à personne que les critiques les plus vives sont parfois internes aux deux camps. C'est Elie Barnavi qui parle de l'imbécillité des gouvernements israéliens, pour ne prendre que cet exemple.

La polarisation est d'autant plus tentante qu'elle se superpose à la guerre en Ukraine. L'Europe est partout soupçonnée, quand ce n'est pas accusée, d'avoir des standards éthiques à géométrie variable. L'idée selon laquelle elle est l'alliée inconditionnelle d'Israël à cause d'une sorte de culpabilité larvée résultant de la Shoah est bien implantée (et d'ailleurs en partie fondée).

Ce qu'il faut admettre des deux côtés, c'est qu'une solution par le vide n'existe pas. On peut disserter pendant des heures sur la naissance de l'état d'Israël en 1948, on peut même le regretter si l'on veut, Israël continuera d'exister. Et clamer que les Palestiniens n'ont qu'à aller se réfugier dans le Sinaï ou en Jordanie est non seulement illégitime mais encore désespérant. Car la seule solution réaliste, deux États, est à chaque nouvelle colonie un peu plus impossible.

Le contentieux franco-allemand n'a été réglé que parce qu'à l'inverse de l'après 14-18, il s'est trouvé dans les deux camps assez de gens pour comprendre que l'intérêt commun était de reconstruire ensemble. Qui, dans le conflit actuel, écrira comme Aragon mettant ses mots dans la bouche de Manoukian, je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand ? Ni le Hamas ni Netanayhou...

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