Colette Braeckman : une formidable leçon de journalisme
L'as-tu lu,lulu? par Nous on l'a lu, le 09 décembre 2023

Les histoires fortes et émouvantes d'une grande journaliste.
Journaliste, Colette Braeckman l’est, totalement, dans l’âme, dans la peau. Une vocation, une passion qu’elle raconte avec style, avec pudeur, mais sans rien cacher du dilemme que cela peut poser à une femme qui veut vivre libre, découvrir le monde, étancher sa curiosité et surtout, raconter ce qu’elle voit, partager ses expériences, ses interrogations, ses doutes.
C’est aussi l’histoire de 50 ans de journalisme, depuis les années 68 jusqu’à maintenant. 50 ans de volonté de travailler à l’égal des hommes, les femmes étant tellement rares dans ce métier pas très bien vu des bien-pensants, des familles traditionnelles. Pendant des années, elle a dû s’imposer comme jeune femme journaliste, capable d’affronter les mêmes dangers, le même inconfort que ses confrères. Avec, en plus, l’impossibilité de vivre une vie « normale » de femme, épouse, mère sous peine de perdre son métier de grand reporter et donc, sa liberté.
Colette Braeckman nous décrit cela avec humour, mais surtout avec beaucoup de tendresse pour sa mère qui, après le décès du père, a élevé cette fille brillante et indomptable. Sa première passion était le Congo qui allait la fasciner pendant toute sa vie professionnelle.
Décrire le monde, pour une journaliste, c’est se plonger dans la vie des peuples, rencontrer les gens, toucher du doigt les drames, les injustices, les révoltes, et même les révolutions comme celle du Portugal qui l’a profondément impressionnée.
C’est regarder sans cesse au-delà des discours politiques, des propagandes, des fausses informations, vers les populations et ceux qui défendent les droits des gens les plus vulnérables. Elle nous raconte, entre autres, ses très nombreuses rencontres avec le Dr. Mukwege, « L’homme qui répare les femmes » au Kivu, devenu Prix Nobel de la Paix.
Le journalisme, c’est « une vie augmentée du réel des autres. » , écrit-elle. C’est donner aux lecteurs de quoi décrypter le monde, découvrir d’autres points de vue, d’autres réalités. Aux scientifiques, aux historiens, aux politiques d’en tirer des réflexions, des analyses, des conclusions ou même des lignes d’action, qui sait ?
Le journalisme, c’est aussi prendre des coups, arriver aux limites de soi-même ainsi qu’elle le confie à propos de ses reportages sur le génocide au Rwanda et sur les massacres des populations civiles et les atroces tortures sexuelles infligées aux femmes, encore aujourd’hui à l’est du Congo RDC.
« Mes carnets noirs » sont envoûtants, passionnants, très noirs parfois, mais aussi teintés de rose d’amour, d’amitiés profondes, d’humour et de passion.
Gabrielle Lefèvre
- Colette Braeckman. « Mes carnets noirs ». Coll. Document. Ed. Weyrich. 2023.
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