Les cravates à rayures
Une édition originale par Thierry Robberecht, le 06 avril 2021

© Serge goldwicht
Oscar est un homme très satisfait de son existence. Il est médecin, respecte la loi, il est chrétien, il fait le bien et pense bien. Il se teint les cheveux en blond et porte des cravates à rayures. Il ne comprend pas que tout le monde ne soit pas comme lui. Les gens pas comme lui sont partout. C’est indécent. Ils débordent des maisons et des trams Des pauvres, des homosexuels étrangers, parfois juifs, parfois athées qui portent des cravates à pois. C’est insupportable et malpoli ! Avec des amis, il en a assassiné un dans une ruelle sombre. L’inconnu portait un nœud papillon. Il l’avait bien cherché avec son nœud papillon ! Le monde est mal fait parce qu’on ne peut pas assassiner tout le monde pour des histoires de cravate. Il paraît que c’est interdit.
Voilà pourquoi, il décide de créer l’Association de la Cravate à Rayures qui permettra à tous les citoyens du monde de devenir un associé, un homme comme lui : hétérosexuel et bien-pensant. Pour devenir membre de l’Association, il organise des épreuves dans un sanatorium désaffecté perdu dans la montagne Quel succès ! Les candidats se pressent devant les portes du sanatorium dans l’espoir de devenir Associés. Pour mettre toutes les chances de leur côté, la plupart des candidats se sont teints en blond, portent des cravates à rayures et pensent qu’ils pensent bien. A l’entrée du sanatorium, des groupes de candidats se forment et chuchotent entre eux à propos de futurs associés qui ne penseraient pas bien. Le doute s’installe dans l’assemblée. Cet associé-là est-il véritablement hétérosexuel ? Est-il chrétien ? Et surtout, pense-t-il bien ? Avec le doute et la méfiance, la nervosité des associés grimpe en flèche et la pression monte. Soudain, un candidat désigne un autre du doigt en hurlant ; « Il m’a regardé, il m’a regardé avec insistance ! Il est homosexuel et il pense mal ! Les candidats encerclent l’homme qui a été désigné
Voilà qu’arrive l’heure de la première épreuve qui doit sonder la pensée de chacun. Chaque candidat doit se soumettre à l’épreuve de l’encéphalogramme. Des laborantins posent des électrodes sur le crâne des candidats.
Et voilà, c’est parti. Sur l’écran de contrôle de tous les candidats, l’onde électrique était bien horizontale, bien comme il faut sauf l’un d’entre eux dont l’onde électrique révéla des pics aussi pointus et élevés que les montagnes qui entouraient le sanatorium. Celui-là, on l’étrangla immédiatement avec sa cravate à rayures.
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