Laïcité j'écris ton nom
Une édition originale par Thierry Robberecht, le 07 février 2021

© Serge Goldwicht
Il se voit en super héros. Il revêtirait bien une cape et un masque s’il ne craignait pas d’être trop voyant alors qu’il veut rester discret dans son combat contre les mécréants.
En héros, il agresse et poursuit tous les jours de ses réelles menaces les partisans de la laïcité sur Internet. Aujourd’hui, le héros va frapper un grand coup, un projet qu’il prépare depuis longtemps. Il entre dans la librairie comme n’importe quel mécréant et s’indigne du minuscule rayon réservé aux Livres Sacrés : La Bible, Le Coran et même La Torah sont consignés dans un coin obscur et oubliés de la librairie alors que les bandes dessinées populaires et les livres d’art trônent dans un immense rayon. Et la prétentieuse poésie aussi. Il s’approche des recueils de poésie et sort discrètement son poignard. Il ouvre un recueil d’Eluard, un grotesque inconnu et poignarde à plusieurs reprises la page sur laquelle est écrit le texte « Liberté ». Liberté et laïcité sont la même ignominie, le même complot, la même insulte au divin. Il s’étonne et se réjouit qu’un flot de sang bouillonne et s’éjecte de la page. Un flot de sang pareil au flot d’eau de mer qui s’est introduit dans le Titanic avant de le couler. La librairie coule, la pensée disparait dans la mer rouge. Une marée de sang qui rougit tous les livres de l’humanité sur son passage. Il abandonne le livre exsangue et marche vers la sortie de la librairie, du sang jusqu’aux genoux. Après un tel exploit, il ne marche plus, il vole. Zut ! Il aurait dû vraiment porter une cape. Il vole parce qu’il est devenu une marionnette dont les membres et la pensée sont articulés par une main au-dessus de lui. La main de ses croyances ou la main de son manipulateur, il s’en fiche. Il n’est plus libre mais il n’a plus peur. C’est un héros.
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