semaine 20

Ligne rouge ?

Edito par Gabrielle Lefèvre

Rencontre entre Didier Reynders et Recep Tayyip Erdogan, encore Premier ministre, en janvier 2014, lors de la cérémonie de lancement des 50 ans de l’immigration turque en Belgique. http://www.didierreynders.be/2014/01/21/

Notre ministre des Affaires étrangères Didier Reynders avertit solennellement : la Turquie ne peut pas dépasser la « ligne rouge » que nous avons fixée, à savoir le rétablissement de la peine de mort.

Donc, la Turquie démocratique – puisque les élections sont libres – peut emprisonner des dizaines de milliers d’enseignants, de fonctionnaires, de médecins et soignants, de policiers et de militaires, de syndicalistes, d’écrivains et de journalistes sans que la « ligne rouge » tracée par notre ministre soit dépassée ?

Bien sûr, l’Europe discute toujours de la procédure d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Evidemment, il y a les accords avec la Turquie concernant le « cantonnement » des migrants sur son  territoire moyennant monnaie sonnante et trébuchante. Et surtout, la Turquie est membre de l’OTAN et dans le même temps elle s’allie avec la Russie pour l’aider à redevenir incontournable sur l’échiquier mondial par le biais de la Syrie, tout en assurant l’approvisionnement de l’Europe en gaz naturel notamment.

On imagine l’imbroglio diplomatique auquel sont confrontés tous les ministres des Affaires étrangères de l’Union.

Cette « ligne rouge » ressemble plutôt à une « ligne bleue », fluctuante - comme les vagues qui portent les bateaux des migrants – en fonction de nos intérêts.

Notons que ce ne sont pas des partis vraiment progressistes, la N-VA et l’Open VLD qui demandent au gouvernement belge de geler la procédure d’adhésion de la Turquie à l’Union. Au nom des valeurs démocratiques… Ou pour empêcher l’entrée d’un grand pays à majorité musulmane dans notre Europe où des références catholiques conservatrices s’affirment dans plusieurs pays (Pologne, Hongrie,…) qui bafouent eux-aussi quelques-uns de nos droits fondamentaux ?

La véritable « ligne rouge » à opposer aux pays membres ou candidats à l’Union européenne est la totalité des 54 articles de la Charte des Droits fondamentaux de l’Union européenne. En voici deux, outre l’interdiction de la peine de mort, bien d’actualité :

Article 11. Liberté d'expression et d'information
1. Toute personne a droit à la liberté d'expression. Ce droit comprend la liberté d'opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu'il puisse y avoir ingérence d'autorités publiques et sans considération de frontières.
2. La liberté des médias et leur pluralisme sont respectés.

Article 12. Liberté de réunion et d'association
1. Toute personne a droit à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d'association à tous les niveaux, notamment dans les domaines politique, syndical et civique, ce qui implique le droit de toute personne de fonder avec d'autres des syndicats et de s'y affilier pour la défense de ses intérêts.
2. Les partis politiques au niveau de l'Union contribuent à l'expression de la volonté politique des citoyens ou citoyennes de l'Union.

 http://www.europarl.europa.eu/charter/pdf/text_fr.pdf

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