semaine 20

L'artisanat du terrorisme

Edito par Jean Rebuffat, le 24 mars 2017

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Le 11 septembre 2011, le terrorisme frappa son plus grand coup. Quatre avions et des cibles comme les Twin Towers: plus 3.000 morts. Le mémorial (photo © Jean Rebuffat) est là pour s'en souvenir mais désormais, une voiture suffit pour nous le rappeler.

Tandis que Bruxelles se recueillait, un an après les deux attentats à l'aéroport et dans le métro, un nouvel attentat à la niçoise frappait Londres, rappelant qu'il ne faut pas grand-chose de matériel pour devenir un terroriste. Une automobile, un poignard, une carabine... Tout se passe comme si après avoir frappé un grand coup, la mouvance terroriste se contentait de piqûres de rappel qui entretiennent le climat et minent le moral. Car il faut huit à neuf mois, en réalité, pour que les conséquences économiques d'un attentat s'estompent vraiment. La proclamation généralement entendue et selon laquelle il faut continuer à vivre comme si de rien n'était n'empêche pas les touristes de bouder ou les citoyens de redouter. Même sous les bombes nazies, à Londres, la vie continuait. Même à Alep ou à Mossoul, ces dernières semaines, la vie continue. Quelque part entre la vie et la survie.

Ce glissement d'actions hautement coordonnées et très meurtrières (il y eut près de 3.300 morts le 11 septembre 2001) vers des gestes qui peuvent se poser à quelques uns voire en loup solitaire, selon l'expression consacrée, pose un problème policier considérable et aggrave la menace contre nos libertés. C'est la surveillance qui déjoue ces actions. Donc l'indiscrétion. Il faut tendre l'oreille de plus en plus finement et de plus en plus systématiquement. En France, l'état d'urgence est devenu une situation normale. On frémit à l'idée qu'un pouvoir coercitif puisse en abuser, notamment, c'est classique, en faisant semblant qu'il y a des complicités fictives entre ses ennemis politiques et les réseaux que l'on pourchasse justement. Tout cela crée un climat paranoïaque qui déteint jusque dans les attitudes complotistes de certains candidats aux présidentielles françaises. Entendre un ancien Premier ministre parler de cabinet noir à l'Élysée donne envie de hurler: consciences, réveillez-vous!

Car c'est là la vraie victoire du terrorisme, en cela tout à fait comparable au travail de sape de l'extrême droite: ce sont les esprits que l'on vise, inlassablement, avec l'obstination sisyphéenne de l'éternel recommencement.

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