Sinistres œufs de Pâques
Edito par Gabrielle Lefèvre
Une ogive d'entrainement de missile sol-sol Honest John. Les sous-munitions M139 devant contenir le sarin sont bien visibles. © Photocopy of photograph, U.S. Army, ca. 1943 (original print located at Rocky Mountain Arsenal, Commerce City, Colorado).
On s’attendrait à des œufs en chocolat pour célébrer le triomphe du printemps et l’on reçoit une avalanche de bombes, de propagandes, de désinformations qui ensevelissent le monde sous une couche obscure et terrifiante. Qui a tué avec les bombes au sarin? Une arme chimique strictement interdite et qui pourtant circule bel et bien dans les arsenaux de pays qui étaient nos alliés: Irak, Libye, Syrie. Les Nations Unies sont emprisonnées dans leur Conseil de sécurité qui protège l’insécurité mondiale. Il est impossible d’obtenir une véritable règlementation de ces armes terrifiantes. Soit des pays ne signent pas les accords et conventions, soit leurs progrès technologiques sont tels que les armes de nouvelles générations ne sont pas inclues dans les accords précédents.
Exemple: les Etats-Unis nous balancent leur «mère de toutes les bombes», une qualification absurde tant le terme de mère évoque la vie, la protection, l’enfance et pas cet «exploit» guerrier d’anéantir quelques 36 terroristes de l’État islamique en Afghanistan. Qui plus est dans des grottes et réseaux souterrains bien connus des Américains puisqu’ils avaient été utilisés déjà par les «rebelles» afghans au temps où ils étaient soutenus par les USA contre l’Union soviétique… Parmi ces rebelles, un certain Saoudien, Ben Laden.
Jamais les «dégâts collatéraux» n’ont été aussi importants dans les pays où nous luttons contre le "terrorisme islamiste": Yemen, Irak, Afghanistan, Syrie.... Jamais les civils, et particulièrement les enfants, n’ont autant souffert de ces prouesses technologiques d’armements.
Tout cela au nom de quoi? Chacun se drape dans sa légitimité nationale, de puissance internationale, ou au nom de dieu. Quel dieu? Chacun l’invente à sa mesure.
Le dernier en date est surnommé Terminator. Il est une intelligence artificielle incarnée dans un robot qui peut tuer. Ainsi, les valeureux chefs de guerre peuvent se passer des éventuels états d’âme de soldats qui ne veulent plus massacrer des familles entières terrées dans les décombres de leurs villes et villages. L’été prochain, les Nations Unies devraient tenter de réglementer ce nouveau dieu guerrier. Vu l’insuccès de la règlementation sur l’usage des armes chimiques, vu le nouveau coup de force US en Afghanistan, vu l’affrontement avec la Chine par le biais de la Corée du Nord et avec la Russie par le biais de l’OTAN, l’espoir d’une humanité libérée de la guerre est en grave péril.
Joyeuses Pâques quand même !
- Lire nos articles : «Qui a tué au sarin?» et «L’abcès coréen».
- Voir aussi dans Le Monde Diplomatique de mars 2017: «Les Nations-Unies contre Terminator».