semaine 20

Londres, Paris, Christchurch et l'urgence

Edito par Jean Rebuffat, le 15 mars 2019

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Le délire naît des mensonges, comme en témoigne par proximité cette capture d'écran du site lemonde.fr. Le mensonge donne un but au désespoir...

Il y a quelque chose de pathétique dans le Brexit qui illustre à la fois l'incapacité des politiques à résoudre les problèmes et l'inanité d'imaginer que ça ira mieux si on questionne sans cesse le peuple – ne pas confondre interroger avec questionner. La simultanéité entre les cahiers de doléances version 2019 et le yoyo britannique est à cet égard frappante.

Qu'est-ce qui a déclenché le Brexit? Un calcul électoral d'un chef de gouvernement inconscient suivi par des mensonges populistes et un repli identitaire aboutissant à un référendum au résultat bien connu.

En réalité, ce référendum aurait un sens s'il avait lieu maintenant. «Voici les conditions du Brexit. Voulez-vous rester ou quitter l'Union européenne?». Mais comme il n'y avait pas de plan B et que tout le monde donnait le remain gagnant, il a bien fallu négocier. Et là, comment faire sans majorité? Ou plus exactement avec une double majorité parlementaire contradictoire: non, nous ne voulons pas du plan négocié; non, nous ne voulons pas sortir sans accord.

Ces contradictions de la volonté populaire se vérifient en France. Nous voulons qu'on diminue les taxes et qu'on augmente pensions de retraite, salaire minimum et minima sociaux. Un meilleur service public, de meilleurs transports en commun. Sauver l'environnement et en même temps la filière diesel... Bref dépenser plus en récoltant moins et agir au coup par coup. En d'autres termes, n'importe quoi n'importe comment; tout et tout de suite.

Une parenthèse pour remarquer que contrairement à ce qu'on aurait pu croire, ce ne sont pas du tout les gilets jaunes et leur strate sociale qui sont venus massivement aux réunions organisées: près des trois quarts avaient plus de 50 ans et la même proportion, un diplôme postérieur au bac. C'est tragique car cela veut dire que chez eux, l'espoir s'est évaporé. D'où la recherche de boucs émissaires et la tentation de régimes musclés... Les délires de ce genre viennent encore de tuer à Christchurch, visant des musulmans considérés comme des envahisseurs, ce qui, dans un pays où les indigènes ont été éradiqués par des colons, ne manque pas d'une très amère ironie.

Pendant ce temps-là, des enfants se mobilisent dans le monde entier pour l'urgence climatique. Et comment le font-ils? De la façon la plus traditionnelle qui soit: en manifestant pacifiquement. Preuve par l'absurde que les bonnes vieilles règles de la démocratie représentative et de l'exercice des libertés publiques ne sont pas si nulles que ça.

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