L'orchestre est-il libre le 26 mai?
Edito par Jean Rebuffat, le 05 avril 2019

Photo d'archives © Jean Rebuffat prise lors de l'exposition Titanic à Paris en juillet 2013
L'expression «les rats quittent le navire» est une image qui vient irrésistiblement sous la plume quand on évoque le CDH, jadis, sous l'étiquette PSC, géant de la politique belge et héritier du parti catholique. Démission surprise de l'ancien président (Benoît Lutgen), nomination d'un nouveau (Maxime Prévôt) tellement surpris de l'événement qu'il avait bloqué pour des vacances lapones les jours suivant sa prise de fonction, défections successives de Joëlle Milquet (d'ailleurs toujours empêtrée dans les affaires) supposée jouer la star en tête de liste à Bruxelles et remplacée par un Georges Dallemagne tellement vomi par Francis Delpérée, une notabilité universitaire louvaniste du genre de celles dont on dit «c'est une conscience», que lui aussi s'enfuit en tirant dans le tas... et comme cerise sur le gâteau diminué pour vente rapide, l'affaire Dimitri Fourny!
Encore un golden boy s'appuyant sur un fief, Neufchâteau en l'occurrence, arraché de haute lutte au libéral Yves Évrard en 2012... Le hic, c'est que d'emblée, on a pu, lors des élections communales d'octobre dernier, suspecter qu'il y avait eu un trafic de procurations. Les maisons de retraite sont un parfait réservoir de votes et quand une dame se présenta avec la procuration de son père, résident d'une de ces maisons, on lui objecta que la procuration avait déjà été présentée. La dame téléphona à son frère: «C'est toi qui a voté pour Papa?». Non...
Au début, on parla de 18 procurations extorquées, et de 21 personnes, dont le bourgmestre Fourny, inculpées dans ce dossier. C'était pour le volet pénal. Le volet administratif, dépendant du gouverneur de la province de Luxembourg, a fait monter jusqu'à 57 le nombre de documents suspects, ce qui devrait logiquement annuler le résultat des élections, ce chiffre de 57 étant supérieur à l'écart entre chaque liste de candidats pour l'attribution du dernier siège.
Le bourgmestre clame son innocence avec la foi d'un évêque pédophile (après tout, il est toujours présumé innocent) mais se retire des élections fédérales et régionales du 26 mai. Soit, c'est le jeu. Mais là où il dépasse toutes les bornes, c'est que s'il clame son ignorance de la magouille locale, il soupire que si l'on devait enquêter dans d'autres communes (lesquelles? Celles dirigées par le CDH?), on y trouverait la même chose. La présomption d'innocence de soi se double ici d'une présomption de culpabilité des autres. Eh bien entendre un homme politique d'une relative importance chanter sur l'air des tous pourris, si cela n'est pas faire le jeu de l'orchestre noir, on se demande ce qu'on pourrait trouver mieux dans le genre!
Le CDH, qui se piquait de donner des leçons de morale en débranchant la prise du gouvernement wallon sous couvert d'infréquentabilité du PS, n'a plus qu'à demander si l'orchestre du Titanic est libre le 26 mai.
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