Au fait, quelle heure est-il?
Edito par Jean RebuffatCoronavirus par ici, Covid-19 par là: on n'entend plus parler que de ça. Les pages de journaux, les séquences de la télévision, les liens de la presse en ligne, les réseaux sociaux sont aussi encombrés que les poumons d'un malade sous respirateur aux urgences. On n'apprend plus grand-chose, en fait. Pour ne prendre qu'un exemple, ce vendredi midi, on peut résumer l'info belge et/ou française en peu de phrases: le pic n'est pas encore atteint, les hôpitaux saturent par endroits, on va prolonger le confinement. Tout cela en cinquante minutes ou cinquante liens, c'est trop. Et la seule information un peu originale entendue a été sous-traitée: en Italie, il n'y a jamais eu de fameux patient zéro à Codogno. Il n'est allé nulle part ailleurs que chez lui. Mais du coup, qui l'a contaminé? Il s'avère que le virus traînait déjà en Lombardie bien avant qu'on le soupçonne, à cause des liens entre cette partie de l'Italie et des entreprises de Wuhan. Autrement dit, le virus était déjà actif en janvier en Europe. D'ailleurs une analyse plus fouillée de la mortalité lombarde avant l'épidémie indique une surmortalité attribuée alors à des pneumonies. Dès lors, et comme tout de même la plupart des malades en réchappent, on peut se poser la question de savoir si en Europe, un grand nombre de personnes n'ont pas contracté la maladie sans qu'on la désigne précisément.
Tout ce remplissage a au moins un mérite: il occulte totalement le passage à l'heure d'été, polémique habituelle de la fin mars, souvent entretenue par des citoyen.ne.s qui passent Pâques en Thaïlande ou qui reviennent d'un city trip à New York. Cette fois, ils ne se plaindront pas de l'horrible trouble sanitaire que cause à l'horloge biologique ce saut d'une heure. Au contraire: en se réveillant à dix heures au lieu de neuf, ils auront l'impression d'avoir vécu une heure en plus face au péril. Ce sera toujours ça de pris.