Pourquoi a-t-on accepté le confinement?
Edito par Jean Rebuffat
Nous allons pouvoir enfin circuler librement. Enfin, en respectant la distanciation sociale, évidemment. Capture d'écran du site j-ai-un-pote dans la com.
C'est le dernier édito confiné, par la force des choses, puisque la plupart des pays ouest-européens seront pratiquement sortis du confinement au moment où il faudra mettre le suivant en ligne. Déjà l'actu sort du cadre Covid, avec principalement l'affaire George Floyd. C'est donc le moment de se poser cette question fondamentale: pourquoi avons-nous accepté ce confinement?
La réponse n'est pas simple. La peur du gendarme, le conformisme, la crainte de la maladie, la raison, la prudence, le désir de ne pas être responsable de la pandémie, l'effroi lié aux images premières, l'absence de médication sûre, la possibilité de télétravailler mais aussi de se faire livrer les objets et aliments utiles, une perception différente des générations antérieures de la mort, de la maladie et de la vieillesse? Il a fallu pour cela tout de même renoncer à pas mal de libertés immédiates, même celles qu'on discute peu ou jamais dans des régimes totalitaires...
Un mot au passage sur le revers de la société numérique. On peut y être rebelle mais pour l'instant, le danger de fichage et de flicage est plus le fait de sociétés privées que des états eux-mêmes. Se promener partout avec un téléphone bracelet électronique parfait vous trace parfaitement et peu s'en émeuvent.
Mais il y a peut-être une autre raison à cette acceptation. Le confinement a été à la fois (entre bien d'autres choses) un soulagement et un changement. Bien des gens en ont assez du métro-boulot-dodo, des heures de trajet, du regard systématique des chefs, des foules automobiles, en un mot, de la vie quotidienne. On en revient à l'an 01 selon Gébé, tout le monde s'arrête, ou à la chanson de Souchon. Tu verras bien qu'un beau matin fatigué, j'irai m'asseoir sur le trottoir d'à côté...
Sauf que le trottoir d'à côté coûtait 135 euros en France et 250 en Belgique, objectera-t-on, mais cette pause, finalement, avec les espérances qu'elle peut porter, a souvent été la bienvenue dans une existence où l'on éprouve le sentiment que rien ne change jamais, et que là, d'un coup, les choses ont changé. Peut-être faut-il y voir aussi partiellement la cause de l'émotion planétaire liée à la mort d'un homme à la peau noire par un flic américain à la peau blanche? S'il faut que les choses changent, qu'elles changent!