Des questions sans réponse
Edito par Jean Rebuffat
Depuis plus de deux millénaires et demi, la Judée et son voisinage ont une histoire agitée. Le document (libre de droits) sort de Wikipédia et montre le butin romain après la seconde destruction du temple de Jérusalem, en 70 de notre ère.
Devant les résultats des élections néerlandaises, les adjectifs inattendu et dangereux ont été appelés à la rescousse. Ceci mérite une explication plus nuancée qui va nous ramener au conflit entre Israël et le Hamas, qui marque une pause à l'instant où ces lignes sont écrites. Car les mots ne sont jamais innocents. Rien n'est pire que ces explications qui comprennent des mots marqueurs façon soviétique masquant mal une opinion inébranlable proche de la foi. Paul Valéry observait déjà voici un siècle que ce qui est simple est faux mais que ce qui est compliqué est inutilisable. Le journaliste est sans cesse confronté à ce dilemme. L'homme de la rue aussi. Le manichéisme ambiant n'est pas qu'une question de réseaux sociaux. L'un comme l'autre simplifient. D'où les méchants qui sont tout méchants et les gentils qui le sont toujours. D'où qu'une fois pris tel ou tel parti, on verse dans une citation proustienne, les faits n'entrent pas dans le monde de leurs croyances, ils s'y soumettent plutôt qu'ils ne les façonnent. Le démenti des faits est nié quand il n'est pas oublié sciemment. Pour faciliter ces torsions du réel, une langue de bois simplificatrice d'essence totalitaire est la bienvenue. Elle ramène à la désignation des bons et des mauvais, comme si l'on pouvait refaire l'histoire, comme si la rhétorique pouvait effacer le colonialisme, par exemple!
Revenons un instant aux Pays-Bas. Tout d'abord la victoire de Geert Wilders était prévue et n'avait rien d'inattendu. Encore faut-il avoir eu antérieurement un peu d'attention pour la vie politique néerlandaise et ses spécificités électorales pour éviter ce type de surprise, qui bien entendu déclenche une réaction en chaîne du type ciel là aussi et engendre chez les éditorialistes de savantes analyses sémantiques entre droite extrême, populisme et extrême-droite. À force de crier au loup tant et plus, plus personne n'écoute. Qui s'est rendu compte que ces très antipathiques personnages qui gouvernent ou ont gouverné l'Italie, l'Autriche, la Pologne, la Hongrie, la Russie et même les États-Unis finissent par rendre le pouvoir? Le pire qui va surgir n'a plus rien à voir avec le pire qui a surgi voici un siècle et même ces gens-là se sont aperçus que la démocratie telle qu'on la connaît peut très bien, avec quelques aménagements, leur convenir parfaitement. On parle toujours de la crise des démocraties, mais ne se rend-on pas compte que le manque de démocratie interne des principaux partis est gigantesque? Un jeune député PS bruxellois ne veut plus siéger pour cette raison, je le comprends et je l'approuve. Le mot d'ordre supplante un débat d'ailleurs du coup de moins en moins réel. Et ne se rend-on pas compte que les conséquences centrifuges de cette manière de voir et de faire sont terribles?
Pour terminer sur la question israélo-palestinienne, on voit bien ce qui se passe lorsqu'on glisse toujours plus vers l'extrême. Les pires s'imposent des deux côtés et la question n'est plus de savoir qui a commencé mais comment arrêter, comment faire comprendre à deux peuples martyrs qu'ils sont tous les deux les grands perdants du conflit.