Covid-19 : Combien coûte la carte – Covid ?
Le 29 août 2020
C’est l’histoire de l’ami de mon patron le Ministre des Affaires Stratégiques et Tactiques (à prononcer avec respect…). Cet ami du Ministre est belgo-congolais, ou plutôt l’inverse : congo-belge, c’est-à-dire un enfant au départ cent-pour-cent, sang-pour-sang de chez nous. Cet ami du Ministre est professeur dans une université schengenoise, et champion à temps et à contretemps des droits humains africains….
Entre deux missions politico-scientifiques, politico-médiatrices, l’ami a été otage de la Covid-19 et confiné malgré lui à Kinshasa. Afin sans doute de tromper l’ennui et l’oisiveté, ce prof, ce Tintin des temps modernes a récemment agité une initiative politique téméraire : réconcilier l’irréconciliable, à Kinshasa ; et donc rapprocher les coalitions incoalisables. Pour le moment, aucun résultat probant…
… Mais là n’est pas le souci du chauffeur du Ministre que je suis. Pour le moment, plus que la Covid-19, le chauffeur du Ministre a peur d’une épidémie de plus en plus envahissante, le SIDA (le Salaire Insignifiant Difficilement Acquis). Pour le moment également, dans la perspective de l’aller-retour-aller vers Schengen de son ami, mon Ministre m’a chargé de lui obtenir la carte Covid-19, une des conditions préalables à tout déplacement hors-pays. Mais ami du Ministre ou pas, chauffeur du Ministre ou pas, c’est un vrai parcours de combattant que cette fameuse carte. Non seulement il faut en principe s’aligner patiemment en file indienne, mais tout ça a un coût ; et les tarifs tiennent compte des escales. Par exemple l’ami de mon patron, intrépide pigeon voyageur, devrait avaler escale sur escale : Kinshasa- Kigali- Addis. Abeba - Londres- Amsterdam- Paris- Bruxelles- Liège. La carte Covid-19 a, parait-il, un prix proportionnel au nombre des escales. En plus, parait-il, payable cash et au départ, avant embarquement ! Et gare, parait-il, au voyageur testé « positif » à l’embarquement ; pour lui, la quarantaine sanitaire et sécuritaire garantie !
L’ami de mon patron, Tintin de la bonne gouvernance, a beau protester et menacer de faire sit-in, rien à faire !
Finalement, j’ai trouvé pour lui la solution. Jusque-là, l’ami du Ministre, congo-belge de par son état-civil hybride, avait exhibé de préférence sa nationalité schengenoise d’adoption, mettant de côté le passeport congolais. Je lui ai donc suggéré de faire valoir, au contraire, ses papiers d’ici, et non de là-bas.
Conséquence : au bureau du Covid-19, au vu de ces papiers d’ici, les tarifs ont dégringolé ; et d’autant plus facilement que mon patron de Ministre avait pris soin de glisser dans le dossier une note d’apostille, de recommandation particulièrement appuyée…

Le code de la route semble plus simple que celui des méandres administratifs. Photo © Véronique Vercheval