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C’est un conte moderne qui reprend les codes des contes traditionnels. On entre dans un univers sombre, original qui se rapproche de celui d’une légende. Les personnages colorés sont attachants, les gravures de l’auteur en adéquation avec le texte.

C’est une histoire hors du temps qu’on peut découvrir seul  et se la raconter par petits morceaux, pour faire durer le voyage. Les chapitres sont courts. Le texte se lit rapidement. Les illustrations sont réalisées par l’auteur lui-même.

Dessins en noir et blanc, hachurages, remplissage des formes, poils des animaux qui se confondent avec l’étoffe des vêtements ou avec les champs. Les thèmes abordés sont ceux de la perte d’identité.

Ruse, solidarité au lieu de violence. Seul, aurait-il pu récupérer son poignard ? Force des apports de chaque rencontre.

Ma Béa

Je suis un ours !
Jérôme Eeckhout
Editions Alice Deuzio 13€

Cet ouvrage est une critique acerbe, engagée sur notre type de société.

Cigale travaille depuis 17 ans dans un grand bâtiment où, à longueur de journée, il saisit des données. Employé exemplaire, aucune absence pendant des années.

Alors que la retraite approche, son patron le harcèle et lui ordonne de nettoyer son bureau… pour son successeur.

Ce récit dénonce l’exploitation du monde des travailleurs, qui doivent se taire, la recherche du profit sans considérations humaines. Certains subissent des harcèlements, des humiliations. L’atmosphère est pesante avec des illustrations sombres mais très esthétiques. La chute est surprenante ! L’univers visuel de l’auteur fait la part belle à l’imaginaire.

L'auteur est un dessinateur australien, actif dans l'illustration, le dessin de presse, la bande dessinée et l'animation.

Ma Béa

Cigale
Shaun Tan
Editions Gallimard Jeunesse 14.90€

Récit d’une course hors-normes au pays de l’imagination où, à la manière des fous volants, tous les personnages, équipages sont caractérisés par un nom ou un prénom. L’action est omniprésente ! Les illustrations, dans les plus petits détails, sont impressionnantes. Il faut prendre le temps de détailler chaque engin et d’en relever les moindres indices. La conception des machines et de leur nombre de pièces est fabuleuse. Les favoris de la course ne sont pas forcément les plus avantagés. Beaucoup de péripéties attendent nos candidats.

Regarder, plutôt que lire cet album et reconnaître le travail fastidieux de l’illustrateur. Les enfants vont aimer ces machines volantes !

Alex Cousseau a suivi des études d'arts plastiques et d'audio-visuels. Depuis 2000 il écrit des romans pour enfants, adolescents, adultes et des albums-jeunesse, illustrés par différents illustrateurs.

Ma Béa

La route du lait grenadine
Alex Cousseau et Charles Dutertre
Edition Rouergue 16€

Une histoire qui se déroule dans les années cinquante en hommage à New Waterford, ville minière canadienne, située dans la région du Cap-Breton en Nouvelle-Ecosse où l'auteure a grandi.

Un garçon de 10 ans, le narrateur, habite dans une maison au bord de la mer. Tout y est beau sauf qu'il pense en permanence à son père, mineur. Et chaque soir, l'angoisse grandit et l'enveloppe jusqu'au moment où son père pousse la porte. Ouf! le voilà!

Chaque page est occupée, pour 2/3, par les lumières, la mer, la famille, la joie de vivre, la nature, et pour 1/3 par le noir, la terre, la mine, l'angoisse; alternance entre joie et angoisse. Contraste aussi bien dans le texte que dans les illustrations. Très peu de texte, d'ailleurs, pour ne pas encombrer l'esprit, occuper la tête mais laisser la place à l'émotion..

Peur de l'enfant de perdre son père qui, pour faire vivre sa famille, descend chaque jour, dans les entrailles de la terre pour y travailler durement. Il sait aussi que la mine, c'est son avenir à lui.

Contraste entre des dessins au fusain, des aquarelles et des dessins réalistes de la mer, des vagues. Et dans le texte, des répétitions de phrases qui plongent plus encore dans l'angoisse omniprésente. Ouvrage dur mais qui laisse une place à l'espérance.

Ma Béa

D'ici, je vois la mer
Jeanne Schwartz
Sidney Smith
Edition Didier Jeunesse

Récit de son dernier voyage avec son grand-père. L’auteur décrit le mode de vie des esquimaux qu’il a côtoyés pendant 12 ans. On ressent la rudesse du climat, les conditions de vie spartiates, les rituels, l’apport des animaux, dont tout est utilisé: peau, viande, os. Rien n'est perdu. Zéro déchets.

Le texte et les illustrations sont d’un autre temps. On découvre l’interaction entre les deux personnages, l’un trop jeune et l’autre trop vieux, qui doivent alors être soudés pour faire face à tous les dangers dans cet environnement hostile.

La transmission se fait en vivant les événements. Jamais Akavak n’oubliera les enseignements de son grand-père.

Ma Béa

Akavak
James Houston
Anne-Marie Chapouton
Edition Flammarion 14.50€

Un tigre doit fuir sa terre natale, en flammes! Il doit s'exiler vers des terres étrangères, découvrir le monde "domestique"!

En ville, il doit se cacher, se faire le plus petit possible pour survivre, alors que dans son environnement, tout tigre représente la force, un certain pouvoir auprès des autres animaux. Ici, il doit se rendre invisible!

Dans cette vie difficile, il rencontre des inconnus qui, au péril de leur vie, vont le cacher et devenir des hors-la-loi.

Texte poétique, avec l'emploi de nombreux verbes en très peu de phrases, évoquant l'action, le dynamisme dans les évocations du tigre. Jeu sur la taille du tigre:

• en début d'histoire, normale

• au milieu, minuscule

• en fin, grandiose.

D'ailleurs, les illustrations illuminent vraiment le texte! On y trouve aussi un parallèle avec les personnes chassées de leur pays, rencontrant des personnages courageux et d'autres monstrueux.

Le pire et... le meilleur sont en l'être humain!

Ma Béa

  Fuis Tigre !

   Gauthier DAVI

   Gaëtan DOREMUS

   Editions Seuil-Jeuness

Hamaika est une poule curieuse, ouverte sur le monde. Elle rencontre un poisson, Jonas, aventurier solitaire, vivant hors de tout banc (de poissons!). Hamaika se lie d'amitié avec le poisson et elle décide de le présenter à ses consoeurs.

Elle est déstabilisée par leur réaction qui n'est que mépris et agressivité envers son ami. Réactions tout aussi négatives quand Jonas présente son amie à ses congénères. Pourtant, la rencontre avec Jonas a changé la vie de Hamaika ...

Un roman léger et profond à la fois. C'est frais, drôle avec des frissons de peur! Ces deux héros, très différents, ont en commun la soif d'en connaître toujours plus. Ils partagent une démarche "humaniste".

A-t-on besoin d'être pareil pour être ensemble? Est-ce facile de s'ouvrir aux autres? Pourquoi ne se comprend-on pas parfois? Les différences enrichissent. L'ignorance et la peur enferment.

Pierre Zapolarrua a été journaliste, graphiste, éditeur. Il enseigne aujourd'hui l'Histoire à Toulouse.

Anastasia Parrotto est diplômée de l'Ecole de Recherche Graphique à Ixelles ((l' ERG)

Ma Béa

  Hamaika et le poisson
  Pierre Zapolarrua
  Illustrations : Anastasia Parrotto 
  Editions Me Mo / Petite Polynie

Une autoroute vient d'être construite à côté de "Bienvenue", une belle bâtisse toute en couleurs. Mais ses habitants sont contraints de fuir, chassés par le bruit infernal des véhicules.

Une famille de personnes sans-abri s'y installent et lui rendent vie. Mais elles vont être dénoncées et expulsées. Cependant la famille ne va pas renoncer. Elle revient et la vie, la nature même, reprennent le dessus; une branche de l'oranger voisin repousse même et fleurit, malgré le béton et la pollution.

L'auteure, Raphaëlle Frier, aborde avec délicatesse, un sujet d'actualité grave: "le droit à un toit". Elle traite la maison comme un personnage à part entière, voire même comme le personnage principal du livre.

La musicalité du texte et la répétition de certains passages agissent comme une ritournelle. Dans son décor, "Bienvenue" pourrait se trouver au Brésil, aux Antilles, au bord d'une mer du Sud. Mais "Bienvenue" pourrait se trouver partout où l'homme agit d'une manière inconsidérée.

Les illustrations de Laurent Corvaisier donnent vie à la maison, remplissent les pages de son univers graphique aux couleurs vives et ses traits énergiques renforcent la vitalité de l'ensemble.

L'album finit sur une note d'espoir : Lazlo a un toit ... et une amie!

Ma Béa

Bienvenue par Raphaëlle Frier
Illustrations de Laurent Corvaisier
Editions" A pas de loup"

"J'habite une petite île qui flotte au beau milieu de la mer. Cette île est remplie de petites choses de toutes les couleurs".

Très peu de texte, sans doute un effet recherché vu la richesse des illustrations. Une phrase par page. Tout est dessiné ! Représentations de piles d'éléments placés sur différents moyens de transport pour illustrer la surconsommation; piles de pneus, de caisses d'objets divers, superpositions acrobatiques; tout ce qui produit des tonnes de déchets.

Tous ces objets se retrouvent dans la mer, entraînant des complications pour la vie aquatique, faune et flore. Tempêtes, raz de marée véhiculant le tout !

Le sujet est grave mais dans les illustrations il y a de l'humour. Certaines représentations font sourire... sourire mais pas rire car le sujet est grave !

Ma Béa

Sur mon île
Myung-Ae-Lee
De La Martinière Jeunesse

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Ici, les légumes sont des produits interdits et les consommateurs de légumes, des délinquants ! Pépito va être adopté par les salariés du "Resto". Il va dormir dans une "chambre friteuse" et s'entraîner à des concours de goinfrerie.

De nombreuses péripéties entraînent notre Pépito dans les abattoirs (endroit "gore") où il découvre la réalité de la chaîne alimentaire animale. Tout y passe : les antibiotiques, les hormones, les pesticides; les abus, les trafics, la pègre, les escrocs et même un ignoble personnage arriviste... Tout est bon pour gagner encore plus d'argent et, surtout, avoir plus de pouvoir avec, au passage, une allusion à l'oeil de "Big Brother" qui veille et surveille le bon déroulement des évènements.

Le père de Pépito est le plus grand trafiquant de légumes, organisant des marchés et des potagers clandestins et donc "ennemi public n°1". Pépito va tout faire pour retrouver sa famille à la campagne.

Cette BD est un plaidoyer contre la nourriture-poubelle à destination des jeunes. Le capitalisme, l'individualisme, la surconsommation sont au centre de cette "histoire". L'humour est grinçant et tellement proche de la réalité. On y trouve de l'action, des poursuites, des personnages odieux et même un petit clin d'oeil au "Livre de la Jungle".

Le graphisme brut est servi par des aplats de couleurs acides qui se superposent. Ajoutons que les personnages secondaires sont pratiquement transparents.

Accompagnement et prolongements: Echanges verbaux sur les différents sujets abordés. Des questions: quelles nourritures donne-t-on aux animaux ? quelle est l'origine de nos aliments ? composition des produits que nous mangeons ? Alors... soyons vigilants par rapport à toutes les pressions médiatiques et publicitaires. Affinons notre esprit critique !

Ma Béa

Junk Food Book (Sous forme de BD, une satire sociale du monde de la "malbouffe".)
Noémie Weber
Gallimard Jeunesse 2018

  A Malbouffe City, un petit d'homme, le bébé d'un trafiquant
  de légumes, a été abandonné non pas dans une "boîte à bébé"
  ou à la porte  d'une église mais devant celle d'un "fast food".