La poupée d'un autre monde
Question d'optique par Jean-Frédéric Hanssens, le 16 mars 2018
C'était quelque part au Yémen du Nord en 1979. Nous grimpions péniblement dans la montagne en taxi collectif Suzuki Samouraï, compressés dans le minuscule habitacle entre six Yéménites plus deux jeunes passagers agrippés à la porte arrière. Au milieu de nulle part, nous avons tous traversé à pied, main dans la main, une rivière en crue. Avant de réembarquer dans le petit 4x4, le chauffeur a réajusté les bougies et épongé le plancher.
Après plus de trois heures d'une piste sinueuse, nous arrivons dans un petit village suspendu au flanc de la montagne où flottaient en contrebas quelques nuages et des centaines d'arbustes de khat serrés et alignés sur de fines terrasses dessinant d'interminables stries sur les flancs du massif opposé. Un paysage à couper le souffle qui portait bien son nom d'Arabie heureuse désigné ainsi par les Grecs et les Romains. L'accueil des villageois est discret mais chaleureux. Nous nous promenons dans les ruelles ombragées par de magnifiques maisons de plusieurs étages, savant mélange de briques crues et de pierres aux châssis de fenêtres et portes délicieusement ciselés. Quelques enfants nous accompagnent sans excitation. A la sortie du hameau, de derrière un mur, une fillette se place devant nous tout en attirant mon attention sur sa figurine qu'elle place ostensiblement devant son visage m'invitant presque à prendre la photo. Mais comment cette poupée à la chevelure bien blonde était-elle arrivée jusqu'à cette gamine dans ces montagnes si reculées du monde ?

Yémen du nord 1979. Texte et photo © Jean-Frédéric Hanssens
Il semble que vous appréciez cet article
Notre site n'est pas devenu payant! Mais malgré le bénévolat de ses collaborateurs, il coûte de l'argent.
C'est pourquoi, si cet article vous a plu (et même dans le cas inverse), nous faire un micropaiement d'un ou de quelques euros nous aiderait à sauver notre fragile indépendance et à lancer de nouveaux projets.
Merci à vous.