Le sentiment d'insécurité permanente
Question d'optique par Jean-Frédéric Hanssens, le 16 novembre 2017
C'était au Laos dans la campagne aux alentours de Phonsavan en janvier 2016. Les Hmongs payent lourdement, encore aujourd'hui, leur soutien militaire aux côtés des Américains dans la plaine des Jarres qui a fait du Laos, le pays le plus bombardé de l'histoire.
En 2003, suite à de nombreux incidents, l'armée les pourchasse et nombre d'entre eux se réfugient en Thaïlande. En 2009, 4.000 Hmongs furent rapatriés de force au Laos contre l'avis des instances internationales, craignant des actes de maltraitance à leur égard. Ils ont été chassés des montagnes et vivent souvent en bord des pistes ou des routes ce qui permet au gouvernement de surveiller étroitement leurs déplacements.
Nous marchons en direction de quelques maisons en torchis où deux familles Hmong-Mien s'activent avec fébrilité à la préparation de la fête de mariage de leur fille. Je suis ces deux enfants sur le chemin, quand la petite, "lourdement armée", se retourne vers moi sans inquiétude ce qui n'est pas le cas du garçon qui s'accroche à son fusil, visiblement intimidé par ma présence. Une image qui résume à elle seule l'insécurité dans laquelle vivent aujourd'hui les parents Hmongs et qui l'entretiennent chez leurs enfants.
Quelques dizaines de mètres plus loin, nous pénétrons dans une grande pièce dont les murs en torchis soutiennent un toit de branchages. Nous sommes invités à partager le repas du mariage dans une ambiance de plus en plus festive au fur et à mesure que s'engloutissent, à un rythme d'enfer ,les boites de bière tiède.

Laos Photo © Jean-Frédéric Hanssens
Il semble que vous appréciez cet article
Notre site n'est pas devenu payant! Mais malgré le bénévolat de ses collaborateurs, il coûte de l'argent.
C'est pourquoi, si cet article vous a plu (et même dans le cas inverse), nous faire un micropaiement d'un ou de quelques euros nous aiderait à sauver notre fragile indépendance et à lancer de nouveaux projets.
Merci à vous.