semaine 26

Bonnes nouvelles de nos amis les cons

Pasta par Michel Noirret, le 08 mars 2018

Alain Destexhe Photo © RTBF

Alain Destexhe, sénateur en pleine forme, veut supprimer la RTBF. Il affirme que tous ses journalistes sont de gauche et par conséquent ne donnent pas une information objective de droite. Tssss ! C’est du joli ! Supprimez-moi tout ça et l’information sera enfin de l’information. Il suffira de la confier à des jeunes gens sortis des écoles de commerce, de marketing, de com. et de publicité, ce sera du vrai boulot de professionnels qui disent rien que la vérité qui plait et fait rentrer des sous au lieu d’en coûter.

Depuis que j’habite en Belgique (bientôt 50 ans), j’entends dire que la RTB, qui n’était même pas encore F quand je suis arrivé, était un nid de gauchistes. J’y ai même œuvré, c’est dire ! Je suis une bande de gauchistes à moi tout seul !

Mais lorsque la rumeur publique affirme, même vigoureusement, une chose, est-elle vraie pour autant ? Il faut croire que oui si on s’en tient aux déclarations de notre ami dans un article paru récemment dans Le Vif-L’express. C’est pas le tout d’être vif, encore faut-il que ça aille vite.

Si ON le dit, c’est que c’est vrai. L’évaluation au doigt mouillé est une excellente méthode pour débusquer la vérité lorsqu’elle fait sa chochotte et notre héros de s’en servir efficacement.

Ainsi, depuis qu’il publie ses opinions, j’entends dire qu’Alain Destexhe est un gros con de droite.

Certes, les bruits de caniveau exagèrent, comme toujours : Alain Destexhe n’est pas gros. Un peu enveloppé, c’est tout ; l’âge et le métier de sénateur aidant, il est difficile d’y échapper, mais il s’en tire bien de ce point de vue.

Toutefois, pour éviter de m’en faire un ennemi et montrer que j’ai bien compris son propos, il me faut reconnaitre que si je mets en application ses critères d’objectivité et sa méthode d’évaluation, de même que les journalistes de la RTBF sont tous des gauchistes, Alain Destexhe est un gros con de droite.

Mais plutôt que de rapporter des rumeurs à son sujet, il serait bien plus intéressant de parler de sa pensée politique.
Je sens l’avidité des lecteurs d’Entre Les Lignes d’en savoir plus.

C’est un exercice délicat, car il y a un gouffre entre les idées personnelles, intimes, si jamais il en a, d’un élu du peuple professionnel et celles qu’il affiche pour plaire au peuple et être élu, réélu réréélu, réréréélu etc.

D’évidence Alain Destexhe est un émule de Pierre Dac.

Pierre Dac (humoriste français, 1893-1975) était, entre autres activités, président autoproclamé du Parti d’En Rire, ayant pour devise « Pour tout ce qui est contre, contre tout ce qui est pour »

La démarche politique d’Alain Destexhe, à l’étude de son œuvre, révèle exactement la même tendance, sauf qu’on peut y ajouter : « du moment qu’on parle de moi ! »

Bravo ! il a encore réussi !

Par contre, pour ce qui est de faire rire, il devrait encore travailler sa communication.

« Mais c’est pas tout, mais c’est pas tout, mais c’est pas tout ! » comme chantait Bourvil dans « La tactique du gendarme ».

Notre ami vient de récidiver dans la Libre Belgique, ce 7 mars.

Il est, dit-il, partisan d’une droite décomplexée, comme la NVA par exemple, dont les membres n’ont aucun complexe à fréquenter, chanter, boire et danser avec leurs héros nazis, survivants qui menèrent une bataille héroïque sur le front de l’Est contre les communistes au couteau entre les dents. En effet, pourquoi se gêner ? Jan Jambon de Bâillonne, ministre de l’Intérieur, l’a d’ailleurs déjà dit pour clore le débat : « c’était leur choix ! ».

C’est bien ce qu’on leur reproche. Mais il ne s’en est pas rendu-compte. Pas plus que ses potes de la NVA, et maintenant notre ami Destexhe. Lequel ne voit là aucune raison de ressentir quelque honte que ce soit. Et puis, est-ce qu’on va nous emmerder encore longtemps, nous empêcher éventuellement d’être élus avec toutes ces vieilles histoires où l’on exagère beaucoup, finalement ?

« Mais, c’est pas tout, mais c’est pas tout, mais c’est pas tout ! »

Dans ce même article, Alain Destexhe fait progresser la science politique avec un concept nouveau : « Le libéralisme conservateur ». Où va-t-il chercher tout ça ? Où s’arrêtera-t-il ? Au prix Nobel de blennorragie électorale, je ne vois que ça.

Prochaine étape, le feu froid, pour éviter les incendies, puis l’eau sèche, très facile à transporter dans les déserts.

On avait déjà connu comme oxymore le libéralisme social dont nombre de nos concitoyens peuvent encore mesurer tous les jours la générosité du socialisme.

Allons sénateur ! encore un effort et une fois mis en place le côté national de ce socialisme, la droite sera totalement décomplexée.

Un de qui les nouvelles sont également excellentes, c’est Théo Franckenstein, Secrétaire d’État à la disparition des migrants.

Dans la Libre Belgique du 4 mars, qui lui accorde deux pages d’entretien, heureusement illustrées de grandes photos qui permettent de se distraire de la lecture, il affirme être blanchi à 100 % dans le dossier soudanais.

Il est sans doute le seul à penser une chose pareille, mais la confiance en soi est incontestablement un signe de bonne santé. Et du moment qu’on a la santé…

De la lecture du rapport du CGRA sur les éventuels mauvais traitements qu’auraient pu subir les Soudanais expulsés vers leur charmante démocratie d’origine, même sans être un spécialiste de ces questions on s’aperçoit assez vite que les petits rapporteurs ont surtout rencontré et interrogé les hommes qui ont vu les hommes qui ont vu les hommes qui ont vu les ours; ils en ont déduit que les ours se suivent mais ne se ressemblent pas.

Du coup, Théo Franckenstein est tout ragaillardi de savoir qu’il pourra continuer à faire du blanchiment de Noirs sans être emmerdé. Certes il avait un peu joué avec les roubignoles de l’article 3 de la Convention européenne des Droits de l’Homme, mais il s’en était excusé auprès de Charles-le-Chauve, son Premier ministre : « J’ai glissé, chef ! » a-t-il dit, comme Jean Lefèvre dans « Où est passé la 7ème compagnie ».

- Bon, mais fais un peu attention la prochaine fois ! lui a rétorqué Charles-le-Chauve, avec cet air sévère qui impressionne tellement Bart De Wever.

Comme disait Léo Campion (humoriste français, 1905-1992) « Il vaut mieux être cocu que Premier ministre. D’abord ça dure plus longtemps, ensuite on n’est pas obligé d’assister aux séances à la chambre. »

Pour ce qui est des célèbres visites domiciliaires en projet pour traquer le migrant, là aussi notre Théo pète de santé ! On l’a mal compris, c’est tout ! On n’embêtera pas les gens qui hébergent des illégaux pour raisons humanitaires, promis juré ! Mais les autres, gare à leurs fesses !

Évidemment il faudra savoir si c’est vraiment pour raisons humanitaires que vous hébergez un migrant. Le plus simple, évidemment, sera de perquisitionner chez vous à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit ! On mettra votre maison à sac, fouillera dans vos papiers, visionnera les vidéos salaces que vous réalisez à la maison avec votre camarade de lit, etc.

Mais pas du tout pour vous embêter, juste pour savoir.

Ça fait toute la différence.

Puis, bien entendu, il appartiendra à Théo Franckenstein de décréter si votre hébergé avait ou non besoin d’humanité. On peut lui faire confiance, à lui et son compagnon de nazilleries flamandes, Jan Jambon de Bâillonne, le ministre de l’Intérieur qui ne se gêne pas pour dire, es qualites, tout le mal qu’il pense des plaidoiries d’avocats de la défense lors d’affaires de terrorisme.

C’est revigorant la droite décomplexée.

Et pour terminer, cerise sur le gâteux, il serait très heureux, notre Théo, que Didier Reynders « L’homme qui parlait à l’oreille des riches » (Philippe Moureaux, on peut pas lui en vouloir pour tout), soit ministre-président de la région bruxelloise.

Il ne faudra jamais oublier de rappeler quels sont les amis de Reynders.

Arrivé à ce stade de ma réflexion, se pose tout de même une question. Ces personnages malfaisants, sont-ils vraiment des cons, comme le dit la rumeur publique ?

Si je m’en réfère à mon modèle philosophique, le sage Léo Campion, que j’ouvre son dictionnaire, Le petit Campion illustré, à l’entrée « Con » je peux lire : « Nom qu’on attribue à des gens qui n’en ont ni la saveur, ni la profondeur. »

Devant une telle évidence, la lumière jaillit ! Que ce soit Destexhe, Franckenstein ou Jambon de Bâillonne, eh bien non ! ce ne sont pas des cons !

Au risque de les décevoir, je me sens obligé de leur retirer le titre honorifique que je leur avais étourdiment attribué en introduction de mon article.

Faudra que je cherche ailleurs pour vous donner de vraies nouvelles de cette catégorie de personnes. Des ouvrages, des revues plus spécialisé§s. Test-à-chattes*, peut-être ?

Quoiqu’il en soit le libéralisme a donc encore de beaux jours devant lui. Les citoyen§s un peu moins.

C’est la vie.

Que le monstre en spaghetti volant vous touche de son appendice nouilleux. Ramen.

* Oui, bon, je sais, mais je peux pas m’empêcher. Sinon je vais me radicaliser.

PS (Ah non ! pas lui !) NB : le signe §, deux nouilles entrelacées, indique en orthographe pastafarie, que l’on écrit au masculin et au féminin.

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