Petits plaisirs.
Le 01 décembre 2023
Récemment dans ces colonnes, j’ai tenté de montrer que l’écart entre la taille humaine et les dimensions de certaines œuvres étaient compris par certains artistes comme un facteur purement esthétique[1]. Autrement dit, les dimensions de l’œuvre sont censées lui conférer un surplus de beauté. Je m’aventurerai à penser qu’il s’agit là d’un artifice, un artifice parmi d’autres, mais l’art n’est-il pas en soi un artifice ?
Je vois bien qu’en Occident, le muralisme se développe et que les « murs » acquièrent un statut différent. Les œuvres peintes s’intègrent au patrimoine culturel des villes. Elles sont pour les plus remarquables reconnues et protégées et même entretenues et rénovées.
Tout ceci est bel et bon. Encore conviendrait-il de ne pas faire l’impasse sur ce qui est le cœur du projet artistique du street art : peindre dans la rue pour offrir aux badauds le spectacle des œuvres. Le lieu de production des œuvres et leur « gratuité » sont pour moi deux facteurs centraux pour définir le street art. Les œuvres « nomades » produites en atelier par des artistes plasticiens s’apparentent davantage à l’art contemporain.
Tout cela pour dire mon intérêt pour les petites œuvres que tout un chacun peut découvrir dans ses pérégrinations citadines. Ces « petites œuvres » sont d’une quasi infinie variété : des collages, des peintures, des stickers, des pochoirs etc. Des supports à l’expression fort divers. Aussi divers que les intentions des artistes.
J’aimerai donner une place particulière aux petits pochoirs. Je n’ignore pas la sophistication que des pochoiristes accordent à leur travail. Il suffit d’examiner avec soin quelques caches pour comprendre quelle patience et quelle habilité sont nécessaires pour créer ces magnifiques œuvres.
Pourtant, les petits pochoirs par la modestie même de leur exécution suscitent toute mon attention. Le pochoir est certainement la production plastique la plus simple à réaliser. Il suffit, le plus souvent de partir d’une photographie, d’en copier les contours sur un papier fort, de découper les espaces à peindre et de projeter un jet de peinture aérosol. C’est assurément le procédé artistique le moins onéreux et le plus simple.
Mon intérêt n’est pas dans la compréhension du procédé de création mais dans la démarche de l’artiste.
Quelles sont les motivations profondes de l’« artiste » qui, son cache dans une main, et la bombe aérosol de l’autre, nuitamment, en contravention avec la Loi, va choisir dans l’immensité de la ville les endroits pour y laisser sa trace.
Les petits pochoirs témoignent de la volonté des artistes d’émouvoir, de faire rire et sourire, de témoigner, de porter des messages politiques et sociaux. Des « œuvres » pour le plaisir du regardeur. Des « œuvres » modestes et fortes.
Les « petites œuvres » sont le sel de nos villes. C’est peu de dire qu’elles décorent la ville, elles sont une expression vivante et toujours en mouvement de nos peurs et de nos angoisses, de nos plaisirs et de nos rires. Pour ma part, mais je ne suis pas en cela objectif, ces œuvres modestes participent du charme de la promenade.
Au hasard d’une rue de la grand ’ville, découvrir une « petite œuvre », c’est comme les cailloux blancs du Petit Poucet. Ces œuvres jalonnent le chemin de nos imaginaires urbains. De la poésie à l’état pur

A.L.Tony

Mr Lolo


C215

Aky

NJO 972

Polar bear

Ender


Docteur Bergman

Nô

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