Tout ça pour ça

En terre sainte pour les uns et les autres (même pour les sionistes, pourtant laïques, qui n’ont pas manqué d’instrumentaliser la Bible – il est vrai qu’elle n’est plus à une instrumentalisation près, c’est juste un livre). Un livre, ça a été pensé par ceux qui l’ont écrit, même si, dans ce cas, ce n'était pas pour le plaisir de la littérature, puis pensé par ceux qui le lisent et en tirent les conclusions pratiques qui les arrangent ou non – on peut même inverser les termes en cours de route, les théologiens, (même non croyants, y a plein de petits dieux qui sont prêts à s’incruster dans tous les cerveaux) sont là pour ça. En ces lieux saints, donc, on va procéder à des échanges humanitaires.  En terre de sainteté, on aurait pu y penser avant, ou même, allez savoir ! éviter d’en arriver là. Ç'eût été nouveau dans l’Histoire humaine. Ou la sainteté ne serait-elle, comme le sacré, un concept fumeux enfermant la pensée dans le carcan des mythologies ? Je n’ose y songer ! (Non, faut pas croire, j’arrive à écrire tout ça parfaitement à jeun. Qu’est-ce que ça serait si j’avais picolé !)
Libération d’otages d’un côté, de prisonniers de l’autre, pour commencer. Certes, il ne s’agit pas ici de comparer le sort des uns et des autres, les propagandistes de chaque bord se chargeront eux-mêmes de faire pleurer dans les chaumières. Notre presse se tient prête à les relayer, ça fait vendre.
Mais la question est : bon, d’accord, en admettant que ça se passe plus ou moins correctement, ce qui déjà serait surprenant, qu’est-ce qu’on fait après ?
On oublie les milliers de morts, d’estropiés, de torturés, de traumatisés, d’orphelins, d’humiliés et on s’embrasse sur la bouche ? ou on continue, jusqu’à la victoire, comme d’hab ?
C’est pas pour me vanter, mais je pencherais plutôt pour la deuxième hypothèse. Heureusement que je ne bois que très modérément, sinon je pourrais en trouver une troisième encore pire.
Et, cerise sur le gâteux, après l’Argentine, l’extrême droite vient de gagner les élections aux Pays-Bas. Allons, ça permettra à un parti facho de plus de participer à une éventuelle nouvelle marche contre l’antisémitisme, entérinant, par l’autre bout, l’idée que sionisme égal juif, car le sionisme même de gauche est dans son idéologie et sa pratique d’extrême droite,  inutile de chercher ailleurs le soutien des fachos à Nethavoyou et sa bande, ça n’a rien à voir avec l’antisémitisme.

Heureusement, loin de toutes ces horreurs, on tombe parfois, par hasard, sur des manifestations d’humanité légères, pétillantes qui par temps pluvieux vous mettent un peu de lumière dans les boyaux de la tête, comme on disait dans Hara-Kiri.
Si vous n’êtes pas bruxellois, d’Ixelles plus précisément, vous ne connaissez probablement pas la rue Gray. La Commune fait ce qu’elle peut pour lui donner des couleurs un peu plus pimpantes, mais il y a encore du boulot !
La tête dans les épaules, sous la drache, je cheminais en remuant des pensées peu amènes à propos de mes semblables humains, lorsque sur un mur, plus ou moins avarié, je tombais sur ça :

Prévert n’est pas mort, il fait semblant. Je m’en doutais.
Être belle ou beau, et le rester si possible, ce n’est pas qu’une affaire de maquillage. Mais vous le saviez déjà.
Que le monstre en spaghetti volant vous touche de son appendice nouilleux.
Ramen.