semaine 20

Tout est possible dans cette école…

Zooms curieux par Gabrielle Lefèvre, le 06 février 2020

Un documentaire captivant qui suscitera des débats passionnants sur la pédagogie et l'émancipation sociale.

… Le meilleur et le pire ! Mais quelle belle leçon d’humanité nous donne à voir le cinéaste Thierry Michel qui a filmé pendant deux ans les élèves de 15 à 18 ans et leurs professeurs du collège Saint-Martin de Seraing. Une école qui fut autrefois école d’excellence, d’ailleurs en sortirent les frères Dardenne, gloires wallonnes s’il en est. Aujourd’hui, crise industrielle, désastre économique, paupérisation et mixité phénoménale ont fait que l’école est classée 1 ou 2 sur 20… C’est d’ailleurs en filmant la destruction du haut-fourneau attenant que Thierry Michel a découvert cette école, microcosme de la vie du Seraing d’aujourd’hui.

Cette école reste une bouée de sauvetage, un havre, un lieu de vie essentiel pour des jeunes en dérive, en bouillonnements hormonaux et sentimentaux, en quête de réconfort familial, d’amitié, de sécurité, d’amour aussi. Des élèves accompagnés par des professeurs à la fois bienveillants et fermes qui pratiquent une « pédagogie sport de combat pour lutter contre l’injustice et la fatalité » afin que ces jeunes, souvent très marqués par la vie, acquièrent de l’autonomie et leur liberté.

Et l’on suit l’un d’eux, sorti de Lantin après un braquage d’une station-service, un autre qui ne peut résister à l’appel de la drogue que de faux amis lui vendent à la descente de son bus et qui passe la nuit en dérive et s’endort le jour sur sa table de travail. Il y a la jeune fille qui se lance dans la boxe amateur pour prendre sa revanche sur la flétrissure qu’elle a subie, une autre qui se trouve très bien dans son attirance vers les femmes ; côtoyant un garçon qui préfère les hommes, le tout parfaitement bien accepté par les autres élèves mais pas nécessairement par les parents. De parents désunis, un fils qui parle de son géniteur, un autre qui n’aime pas sa mère car celle-ci ne l’aime pas et l’a rejeté, une fille dont les parents sont handicapés mentaux et qui se bat pour reprendre confiance en elle, avec aussi l’appui de la religion protestante évangélique.

Il y a de beaux moments d’interviews de certains de ces élèves, comme cette jeune fille qui disserte sur l’âme, qui se demande en quoi elle est autre chose qu’elle-même, qui constate que l’âme est blanche et que nous la salissons alors que c’est la part de dieu en nous.

Il y a une belle mobilisation de ces jeunes confrontés à la violence extrême et qui organisent une manifestation contre l’homme qui a abattu leur condisciple Momo fuyant après un cambriolage. Et les professeurs de parler avec eux de justice, de liberté d’expression, de leurs droits mais aussi de ceux des autres. Longs dialogues avec le directeur de l’école qui tente de leur faire comprendre que leur destin est entre leurs mains et que l’école est là pour les aider. Et quel bonheur d’assister à des réussites, à des rêves qui se réalisent, à des maturités qui naissent.

« L’école de l’impossible. Fragments de vie » est produit par Christine Pireaux, Les Films de la Passerelle. Ce film constitue un excellent et émouvant support pour des débats pédagogiques mais aussi sociaux sur le rôle de l’école dans notre société inégalitaire.

 

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